Éditeur : ZOE
ISBN papier: 9782889070077
ISBN numérique ePub: 9782889070442
ISBN numérique PDF: 9782889070459
Parution : 2022
Code produit : 1453058
Catégorisation :
Livres /
Littérature générale /
Littérature /
Poésie étrangère
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Air de la solitude (1945) se compose de 37 textes – tous publiés entre 1939 et 1944 à l’exception d’un inédit – où proses poétiques et brèves notes lyriques s’alternent pour former un tout cohérent et rythmique. Roud puise la matérialité de sa langue dans un quotidien dénué de tout apparat. Une musique naturelle, tactile, en découle et parcourt le recueil. Le titre annonce une variation sur les formes et expériences intimes de la solitude : la différence, l’hiver et la nuit, les espaces désolés de la haute montagne, la guerre enfin, dont l’expérience a profondément marqué le poète. Préface de Marie-Hélène Lafon Qui est Gustave Roud ? Un douteur acharné, un bosseur qui fait mine d'être paresseux, un type d'une grande patience, un vrai modeste, une personnalité sensible, sans doute un peu trop, un chasseur de délai, un épistolier de premier ordre, un lecteur exigeant, le roi de la procrastination, un passionné de peinture, quelqu'un de doux, de drôle, un inlassable ressasseur, un angoissé chronique, un ami très fidèle, un amoureux multiple, un éternel insatisfait, un grand monsieur. Air de la solitude est un recueil majeur de textes publié en 1945 sous l’impulsion de Mermod, l’éditeur de Roud. 37 textes – tous déjà publiés à l’exception d’un seul - où proses poétiques (en caractères romains) et brèves notes lyriques (en italique) s’alternent pour former « une suite véritable », comme le note Ramuz : « Vous avez trouvé le moyen (grâce à ces passerelles en italiques) de donner à votre texte une indiscutable unité. » Cette cohérence, d’une part, est rythmique. La langue de Roud est au plus proche de la sensorialité du réel, des expériences concrètes du poète. En découle une sensation de musique tactile qui parcourt l’entier du recueil. Loin de toute forme de « poésie pure », qu’il qualifie d’hautaine ou d’intimidante, c’est dans les choses simples, les corps au travail, les conversations les plus familières, qu’il puise la substance de ses textes. Les proses et les notes, organisées en spirale, se font écho et suivent le rythme naturel des saisons. Ce choix formel annonce le retour du même, un enroulement du temps sur soi. La solitude dont il est question dans le titre, prend différentes formes, toutes intimement connues de l’auteur - la différence, l’hiver et la nuit, les espaces désolés de la haute montagne, la guerre enfin, qui fait du paysage un « visage ferme?? ». Les textes, écrits pour la plupart entre 1939 et 1944 sont marqués du sceau des Première et Seconde Guerres mondiales. Roud, qui a souffert de ne pouvoir prendre part à la mobilisation générale en 1939, questionne la poésie en temps de guerre et éprouve les évènements, tels que vécus depuis la Suisse romande. Sous sa plume, pas de désespérance. Les solitudes deviennent lieu de rencontre. En s’approchant de la vérité de l’émotion, le poète accède a? l’unité du monde vivant, faite de continuités et de ressemblances entre la fleur, la bête et l’homme, la sève et le sang, le cosmos et le cœur humain. Préface de Marie-Hélène Lafon La qualité exceptionnelle de la production poétique de Gustave Roud (1897-1976), que vous connaissez via Là-bas, août est un mois d’automne de Bruno Pellegrino, a été saluée de son vivant par ses pairs et par des artistes suisses et étrangers. Au-delà, c’est toute l’œuvre roudienne qui est remarquable : la traduction de poètes allemands (Novalis, Hölderlin, Rilke, Trakl) ; la tenue régulière d’un journal intime ; la critique littéraire et la critique d’art ; la photographie ; la pratique de l’horticulture ; les activités éditoriales de Roud, notamment avec C.F. Ramuz. En octobre 2022, Zoé prépare une édition des Œuvres complètes de Gustave Roud, quatre volumes de 1500 pages en coffret. Après Essai pour un paradis suivi de Pour un moissonneur (Zoé poche, avril 2021, 1172 ventes), Air de la solitude est une deuxième mise en bouche de ce grand projet à venir. Fils de paysan du côté de son père et de sa mère, Roud a passé toute sa vie à Carrouge, dans le Canton de Vaud. « L’Ancien monde paysan », les paysages de la région constituent la matière poétique de son œuvre. Ses premiers poèmes paraissent en 1915 dans un numéro des Cahiers vaudois réservé à de jeunes poètes. Au sein de la revue Aujourd’hui, de 1929 à 1931, il seconde Ramuz, puis il se lie d'amitié avec Henry-Louis Mermod, qui devient son éditeur (depuis toujours l’éditeur de Ramuz). De Maurice Chappaz à Pierre-Alain Tâche, de Philippe Jaccottet à Jacques Chessex, de Georges Borgeaud à Yves Velan, ce sont trois générations d'écrivains dont il a été en quelque sorte le parrain. Il consacre des articles sur les peintres de son temps (René Auberjonois et Steven-Paul Robert en tête). Quant à la photographie, c'est un art qu'il a pratiqué tout au long de sa vie, elle sert tantôt d'accompagnement, de contrepoint ou de prolongement à son approche poétique du monde, tantôt de témoignage sur la transformation progressive de l'univers rural dont il a été en tant qu'enfant de paysans un spectateur hors pair : d'où une dimension à certains égards ethnographique de sa production, côté texte comme côté image. Pour Roud comme chez Claudel, Bonnefoy ou Jaccottet, la poésie est un moyen privilégié d'accéder à la perception d'un ailleurs, qui ouvre sur une révélation d'une autre envergure, plus vaste et importante, mais secrète ou cachée. Les proses de Roud sont des méditations lentes, patientes, soutenues par le rythme de la marche. Elles définissent aussi les états de disponibilité qui permettent la perception de cette dimension invisible, illimitée et tenue pour plus vraie ou plus essentielle que la réalité visible. Il y a pour Roud une condition première qui détermine son regard. C'est une rupture entre lui et les figures profondément aimées des paysans, une rupture qu'il va nommer sa « différence ». « Je veux soigner ma différence, au fond c'est ma seule raison d'être ». Sa « différence » est la mère de sa poésie. Roud se sent inutile, vagabond, colporteur, rôdeur. Poète contemplatif, il regarde le monde et les choses en les dépouillant de leur fin et en les assignant à un autre ordre. Très présente dans les premiers recueils, une obsédante demande de pardon s'atténue par la suite : le souvenir de la faute première liée à cette « différence » : son attirance homosexuelle, autant qu’au choix de l'écriture s'estompe. D’une grande douceur, harmonieuse, la prose poétique de Roud ne tente pas de traduire les intermittences ou les retraits de l'être par des ruptures syntaxiques, des chocs verbaux, des fragmentations du texte poétique : la continuité de l'écriture de Roud est l'un des signes les plus frappants de son respect des exigences classiques de la langue. La quête jamais comblée, Roud l'a dite dans une prose sûre. Il se reconnaît dans les romantiques allemands mais il ne reprend pas leur mode d’écriture qui peut être brutale chez eux. Roud a été enthousiasmé par des textes aux formes brèves et audacieuses. Mais la prose de ses propres textes est ample, du côté de la clarté, du sens, de l'équilibre de la phrase, de la lenteur.