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Van Gogh en toutes lettres : un homme dans son siècle

Caron, Jean-Claude


Éditeur : CHAMP VALLON
ISBN papier: 9791026711124
ISBN numérique ePub: 9791026711131
ISBN numérique PDF: 9791026711148
Parution : 2022
Code produit : 1452794
Catégorisation : Livres / Sciences humaines / Arts et performances artistiques / Histoire de l'art / Essais

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Description

Van Gogh peut être considéré comme le peintre le plus célèbre au monde. En témoignent les innombrables reproductions et usages de son ?uvre. Mais, à lire les multiples biographies qui lui sont consacrées, l?homme reste l?objet de représentations que tout oppose : tantôt on en fait une victime de la société, tantôt un manipulateur ; mais aussi un individu formant avec son frère Theo un couple de spéculateurs, misant sur le succès final de sa production ; ou encore un anarchiste et un anticlérical. Fondé sur la correspondance de Van Gogh, cet ouvrage se propose, à travers un choix de thèmes, d?entendre la voix de Vincent et ce qu?elle permet de saisir de sa personnalité complexe, de ses positions contradictoires, de ses goûts et de ses passions. En somme, la vie d?un homme dans son siècle. Professeur émérite d?histoire contemporaine à l?Université Clermont Auvergne, membre honoraire de l?Institut Universitaire de France, Jean-Claude Caron est un spécialiste de l?histoire des violences socio-politiques au XIXe s. Parmi ses publications récentes, Les deux vies du général Foy (1775-1825).Guerrier et législateur (2014) et Simon Deutz, un Judas romantique (2019), chez Champ Vallon. Il a participé à la réédition de l?Histoire de la Révolution française de J. Michelet, dans la Pléiade. L?oeuvre de Van Gogh fait l?objet d?une fortune planétaire qu?illustrent les très nombreuses expositions qui lui sont consacrées, gage d?un succès populaire assuré. En témoignent également les innombrables reproductions, sous toutes les formes possibles, de ses toiles les plus iconiques. Van Gogh est devenu une marque dont s?est emparé avec une gourmandise assumée le marketing publicitaire. Quant à l?homme Van Gogh, il a fait l?objet, dès sa disparition et jusqu?à nos jours, de multiples biographies. Or, à la lecture de celles-ci, on s?aperçoit qu?émergent des représentations contradictoires d?un individu dont chacun s?empare pour l?ériger en porte-drapeau d?une théorie. Certains veulent en faire une victime de la société (ainsi Antonin Artaud) là où d?autres pointent son côté manipulateur, habile à soutirer de l?argent à son frère Theo. D?autres le réduisent à un mystique ou à un fou, avec le symbole de l?oreille coupée et la réalité des internements à répétition. On a également décrit les deux frères Van Gogh comme un couple de spéculateurs, habiles à faire monter la côte du peintre. Ou encore Vincent comme un véritable anarchiste et un anticlérical déclaré. Toutes ces images ont un fondement de vérité mais peinent à dire la complexité d?un individu dont il faut accepter les bifurcations, les contradictions, voire les reniements pour le comprendre. C?est à quoi invite la lecture de sa correspondance, dont une récente édition d?une qualité inégalée a été publiée sous les auspices du Van Gogh Museum d?Amsterdam. Ces lettres, dont la grande majorité ont été adressées à son frère Theo, forment une sorte d?autobiographie épistolaire, où il est parfois difficile de démêler la fiction de la réalité. A quoi bon, du reste ? Prenons au pied de la lettre ? c?est le cas de le dire ? les propos de Vincent et, à partir de là, analysons cette sorte d?autoportrait fragmenté qu?il écrit. Car, et c?est un point fondamental de notre démonstration, l?homme de pinceau qu?est Van Gogh est aussi un homme de plume. Cette correspondance est un sommet du genre et, dans toute l?acception de la formule, une ?uvre littéraire dont on ne sort pas indemne de la lecture. Plutôt que de produire une énième biographie linéaire de Van Gogh, de sa naissance à sa mort, nous avons opté pour un puzzle dont les pièces assemblées forment au final, nous l?espérons, un portrait à la fois sensible, informé et nuancé de l?homme. Car cette correspondance est d?une richesse incroyable, Vincent y abordant tous les aspects de sa vie avec une franchise toute virile qu?explique aussi la relation fusionnelle (malgré quelques ruptures passagères) qu?il entretient avec Theo. Après avoir remis en perspective la production de cette correspondance, ce qu?elle révèle de son auteur comme « homme de lettres », et les usages qui en ont été faits, nous consacrons les premiers chapitres à ce qui a été la grande passion de Vincent en dehors de la peinture : les livres et la lecture. Nous dressons ainsi une sorte de bibliothèque idéale de Van Gogh, avec ses adhésions (au premier rang desquels les écrivains naturalistes français, dont Zola, Maupassant, les Goncourt, mais aussi Andersen, George Eliot, Dickens) et ses rejets (Baudelaire en particulier). Sans oublier ce livre dont ce fils de pasteur a été nourri durant toute sa jeunesse et qui lui a fourni le sujet de sa première grande toile : la Bible. Homme vivant souvent seul, Van Gogh a rêvé de construire une communauté artistique dont il a espéré qu?Arles serait le foyer avec son projet d?« Atelier du Midi ». S?il ne rse éfère jamais aux communautés saint-simoniennes ou fouriéristes, Vincent est persuadé que le « peindre ensemble » est l?avenir, à la fois pour des raisons matérielles et pour des raisons artistiques. L?union fait la force, ainsi pourrait-on résumer la pensée d?un artiste marginal sa brève vie durant, soucieux de trouver des alliés contre les tenants de l?académisme. Ce point fait l?objet de deux chapitres, auxquels succèdent deux chapitres analysant son rapport à l?espace, au temps et à l?histoire. Né hollandais, ayant vécu en Angleterre, Van Gogh s?établit en France, tout en rêvant d?un Japon imaginaire, pays en lequel il décèle la persistance de ce primitivisme auquel il aspire à la fois comme homme et comme peintre. La rencontre avec Gauguin le renforce dans sa quête d?un ailleurs exotique qui prendra différentes identités. Mais c?est aussi le passé tel que l?histoire le raconte qui lui permet d?analyser ce présent dont il a parfois tant de peine à s?accommoder. L?histoire des révolutions, en particulier, de celle de 1789 à celles du XIXe siècle, lui fournit matière à réflexions quant à l?avenir. Parfois radical dans son propos sur la nécessité de changer la société, il ne se fait toutefois guère d?illusions sur la portée d?une révolution dont il est conscient qu?elle ne se produira pas de son vivant. Cet homme solitaire exprime par ailleurs le besoin constant d?aimer et d?être aimé d?une femme, avec la volonté de fonder une famille. Mais sur ce plan, sa vie est une suite d?échecs qui l?amènent finalement à un constat résigné : un peintre ignoré comme lui ne peut prétendre rendre heureuse une femme et doit se contenter d?amours tarifées. La correspondance de Vincent atteint des sommets dans l?expression de son désarroi et de sa douleur face à la conscience de son inaptitude à faire couple. C?est le cas une première fois lorsqu?il se heurte au refus catégorique de sa cousine par alliance, ce qui génère chez lui une violente crise personnelle. Et lorsqu?il se met en ménage quelque peu durablement, c?est avec une femme dont il sait qu?elle est une prostituée occasionnelle, qu?elle a déjà un enfant et qu?elle est enceinte d?un deuxième, mais dont il veut croire qu?il saura la sauver. La violente réaction de Theo provoque une rupture, Vincent tentant en de longues et pathétiques lettres de se justifier, au nom de la morale chrétienne. Si ses propos ne sont pas dépourvus de stéréotypes féminins que l?on peut qualifier de sexistes, d?autres prennent à l?occasion une couleur féministe. Ce chapitre sur les femmes révèle à sa manière la dimension mystique de la personnalité de Van Gogh, dont témoigne sa relation à la religion, objet des deux chapitres suivants. Cette relation a connu des évolutions radicales selon les époques. Né et élevé « dans la Bible » par son père, Vincent s?imagine lui aussi devenir pasteur. Son parcours scolaire le lui interdisant, il devient prédicateur dans la région minière wallonne du Borinage. Lors de cet épisode, son mysticisme de nature christique atteint son acmé, au point que l?Église qui l?emploie, effrayée par sa radicalité, ne renouvèle pas son contrat. Par la suite, Van Gogh imagine la religion comme une consolation. S?il tient des propos très durs envers le clergé, protestant (y compris les membres de sa famille) comme catholique, il ne rompt jamais totalement avec l?idée de Dieu qu?il assimile à la nature dans un panthéisme revendiqué. Il s?intéresse également aux cultes « primitifs », comme celui des Japonais. Quant à sa peinture, sauf en de très rares exceptions, elle évite tout sujet directement religieux. Homme de son temps, Vincent est en prise avec la société de son temps et exprime une forme de compassion à l?égard des classes défavorisées dont il partage parfois la pauvreté. Il se pense d?ailleurs comme un ouvrier, travaillant et produisant de ses mains. Mais, d?une part, sa pensée sociale est tout aussi nourrie par la fiction que par la réalité : en l?occurrence par la lecture des romanciers naturalistes dont le chef de file est Émile Zola, qu?il vénère parce qu?il lui fournit en quelque sorte « clé en mains » un cadre explicatif aux inégalités sociales. D?autre part, sa correspondance témoigne certes d?un regard aigu sur la misère sociale urbaine comme rurale, mais qui le plus souvent prend une dimension esthétique. Lorsqu?il observe des terrassiers, des pêcheurs ou des fileurs, c?est le peintre qui parle davantage que le réformateur social. Les deux derniers chapitres du livre montrent ainsi comment Vincent, parfois violemment antibourgeois, n?est pas pour autant anticapitaliste et que, s?il est engagé, c?est autant sinon plus dans un combat esthétique que dans un combat social. Professeur émérite d?histoire contemporaine à l?Université Clermont Auvergne, membre honoraire de l?Institut Universitaire de France, Jean-Claude Caron est un spécialiste de l?histoire des violences socio-politiques au XIXe siècle. Parmi ses publications récentes, Les deux vies du général Foy (1775-1825).Guerrier et législateur (2014) et Simon Deutz, un Judas romantique (2019), tous deux chez Champ Vallon. Il a également participé à la réédition de l?Histoire de la Révolution française de Jules Michelet, dans la Pléiade chez Gallimard. Bibliographie complémentaire Générations romantiques : les étudiants de Paris et le Quartier latin, 1814-1851, Paris, Armand Colin, 1991, 435 p. La France de 1815 à 1848, Paris, Armand Colin, 1993, 190 p. La nation, l'État et la démocratie en France de 1789 à 1914, Paris, Armand Colin, 1995, 364 p. À l?école de la violence. Châtiments et sévices dans l?institution scolaire au XIXe siècle, Aubier, 1999. Avec Jacques-Olivier Boudon et Jean-Claude Yon, Religion et culture en Europe au xixe siècle, Armand Colin, 2001. L?Été rouge. Chronique de la révolte populaire en France (1841), Paris, Aubier, 2002, 348 p. « Les raisons d?une célébration ou l?éloge de l?engagement » (p. 7-11) et « Violences vues, violences vécues. Hugo face à la violence socio-politique » (p. 69-84), in Jean-Claude Caron et Annie Stora-Lamarre (éd.), Hugo politique, Besançon, Annales de l?Université de Franche-Comté, Presses universitaires de Franche-Comté, 2004. Dir. avec Frédéric Chauvaud, Les Campagnes dans les sociétés européennes. France, Allemagne, Espagne, Italie (1830-1930), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, 270 p. Dir. avec Philippe Bourdin et Mathias Bernard, La Voix et le Geste. Une approche culturelle de la violence sociopolitique, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2005, 381 p. Les Feux de la discorde. Conflit et incendie dans la France du xixe siècle, Hachette-Littérature, 2006, 358 p. Frères de sang. La guerre civile en France au XIXe siècle, Seyssel, Éditions Champ Vallon, 2009. Paris, l'insurrection capitale (sous la direction de Jean-Claude Caron, avec des textes de Sylvie Aprile, Thomas Bouchet, Haim Burstin...), Ceyzérieu, Éditions Champ Vallon, 2014.

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