Éditeur : Editions Zoé
ISBN numérique PDF: 9782889279838
ISBN numérique ePub: 9782889279821
Parution : 2022
Catégorisation :
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Pendant 3 mois, un jeune couple traverse les Etats-Unis en voiture. Ciels, villes, animaux, tout les émerveille. Ils en profitent pour vérifier les clichés européens sur l’Amérique. Elle interviewe les stars et tente de distinguer le vrai de la fiction; lui photographie les geais bleus, les faucons pèlerins ou les loups. Elle assiste à un mauvais match de baseball, ils traversent les incendies. La narratrice a pourtant un autre objectif: dire à son compagnon son amour pour lui… et celui qu’elle voue à un autre. Si elle ne cesse de retarder le moment de parler, elle reste déterminée à aimer deux hommes à la fois. Dans ce roman sur l’Amérique et l’amour libre, la narratrice procède à une enquête passionnée. Un va-et-vient vertigineux entre exaltation et blessures, détermination et doutes. Prix Nicolas Bouvier au Festival Etonnants voyageurs à Saint Malo pour Chroniques de l'Occident nomade (Zoé, 2012 et Zoé Poche, 2013), Aude Seigne a ensuite publié Les Neiges de Damas (Zoé, 2015 et Zoé Poche, 2022) et Une toile large comme le monde (Zoé 2017 et J’ai lu, 2019). Comment vivre deux amours en parallèle sans être déchirée ni blesser l’autre, comment tout concilier ? La question est vieille comme le monde. Aude Seigne dans ce nouveau roman cherche une issue du côté de l’amour libre. Comme elle s’est plongée dans l’histoire syrienne avec Les Neiges de Damas, a enquêté dans les coulisses d’Internet avec Une toile large comme le monde, elle réfléchit ici sur le polyamour et l’éprouve au travers d’un roman en deux temps : le voyage américain d’est en ouest et retour, et parallèlement, la remémoration des six derniers mois avant le départ : la rencontre avec Henry, le début d’un sentiment amoureux, l’amour qui se confirme: « la rêverie est de moins en moins possible, la résolution nécessaire. » Il faut retenir de ce roman une fraîcheur et une énergie remarquables dans l’écriture ainsi qu’une très grande honnêteté et une intelligence qui infusent l’ensemble du texte. L’amour et l’Amérique : « L’amour est comme la route américaine, bordée de clichés, fascinante quand même. Henry et l’immensité, ce n’est pas si différent. Ce pays me fait le même effet que lui: il me fait perdre la tête, me donne envie d’être exhaustive. » Le ciel américain, le fantasme américain, les clichés américains : « Le ciel cre??pite, devient bordeaux puis mauve, de??pêche des palettes de couleurs que je croyais impossibles sans Photoshop. » « La lumière est d’une beauté d’apocalypse. Je pose mes pieds nus sur le rebord de la fenêtre, les photographie avec le paysage immense en arrière-plan. Moi qui voulais éviter le cliché, je me délecte d’y coller, d’imaginer les images et les mots que je mettrai sur cet instant. » L’Amérique, le corps des stars et le sexe : La narratrice, journaliste pour un magazine de cinéma, profite de son voyage américain pour faire une enquête sur le corps des stars, le sexe au cinéma ; c’est que pour elle, l’Amérique est « recouverte d’un film cinématographique » : « Il y a cette idée, très répandue dans le milieu du cinéma, selon laquelle le tournage d’une scène de sexe est mécanique, que la présence de l’équipe évite toute ambiguïté entre les acteurs. Lena n’est pas d’accord, elle dit que ce qui se passe sur l’écran est réellement arrivé à son corps, même si ça n’est pas exactement elle que ça concerne. Elle m’a confié qu’un jour, après avoir tourné des scènes de baiser avec deux acteurs différents, elle a embrassé l’ami qu’elle retrouvait le soir, après le travail, par erreur ou par réflexe. Placage de la fiction sur sa vie privée. Je restructure mes notes, tente d’y déceler des pistes ou des manques. De plus en plus, la carte blanche de Daisy m’offre l’opportunité de mettre de l’ordre dans cette fascination pour la fiction qui m’habite depuis l’enfance – l’impact des images sur nos vies et des histoires que nous nous racontons. » Le voyage pour réparer un couple tout en confessant un amour pour un autre : « Il pourra me reprocher, je le sais, de briser les choses au moment où tout va bien. Nous sommes réconciliés ce soir-là, le voyage a fonctionné, nous a rapprochés. Je ne sais pas encore comment il se termine, mais je sais que j’ai retrouvé suffisamment de force pour être sincère, et que si je veux avoir le droit d’aimer deux personnes à la fois, je dois le demander. » Tomber amoureux : « Je sais juste que je suis exagérément heureuse avec lui, comme si toute pesanteur était balayée par sa présence. (…) Je me répète qu’il ne m’intéresse pas, qu’il est juste très beau. Je me dis qu’une main dans la nuit ne peut pas déclencher ça, que ce serait mièvre, vraiment stupide. J’enfouis le reste, l’intuition qu’il est déjà trop tard, que cette intensité est inéluctable. Je fuis, rentre chez moi en marchant aussi vite que possible sous la pluie du siècle. Lorsque j’arrive à la maison, Emeric est déjà au lit, ce qui m’agace sans que j’en comprenne la raison. Le lendemain, je reçois un message de Henry, qui me demande pourquoi je suis brusquement partie. J’accable Emeric de reproches futiles — le linge qui n’est pas plié, ses chaussettes qui traînent. » « Je sens le désir et le déni, leur alternance insupportable. » « (…) Je me rends compte que j’aime Henry tout le temps, quand nous discutons, quand nous travaillons, quand nous nous touchons, mais aussi quand il est agaçant, égoïste, menteur, quand il tient ses discours pompeux sur le couple ou sur son besoin ambigu de construire une famille. Je l’aime même quand je ne l’aime pas vraiment, quand il ne fait rien qu’exister un tout petit peu aux alentours de mon existence à moi. Andrea parle de ma ténacité pendant les études, dit que j’aime Henry comme je fais des projets: je m’applique, je l’observe pour l’aimer mieux, j’apprends pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Je suis d’accord de tout quand il s’agit de lui. La narratrice ne cesse de retarder le moment de l’aveu : « Entre les algues à ne pas écraser et ces décors surdimensionnés, je jubile d’une insouciance retrouvée. Et l’instant d’après, nous nous retrouvons à deux, je ne révèle rien alors que je pourrais, et je me sens de plus en plus coupable. » Le polyamour : « La comparaison est demandée, mais elle me semble si cliché que je m’y refuse. Avant le voyage, lorsque je parle de Henry à des amis, les réactions sont souvent les mêmes. Que trouves-tu à Henry que tu n’aies pas avec Emeric? Ne peux-tu pas être heureuse avec ce que tu as? Pourquoi mettre tout en danger? J’ai l’impression d’être dans un magasin de meubles, face à deux modèles disposés côte à côte pour faciliter la comparaison.. Je réponds que je ne veux rien détruire, que je ne veux abuser de personne, que je veux juste vivre ce qui existe déjà. Et pourtant je me sens coupable. Est-ce une histoire que je me raconte? « Andrea prend son sac sur ses genoux, en sort trois livres qu’elle tient entre ses mains comme un jeu de cartes : Anaïs Nin, Camille Laurens, Liv Strömquist. Elle dit que depuis toujours, on parle de ça, l’amour, les amours, la fidélité, le désir, elle dit que ça semble chaque fois unique mais qu’on est un peu bête quand on est amoureux, qu’on cherche des explications et des métaphores. Le désir surtout, elle dit qu’on le raisonne comme on peut. La fin du voyage : « Il fait déjà nuit lorsque nous faisons les cent pas dans l’aéroport de Boston. Cette attente me pèse, ce sas dans lequel le voyage semble déjà aussi lointain que l’arrivée. Je marche dans le long bras téléscopique jusqu’à l’avion, prends place dans le siège étroit contre le hublot en scellant ma ceinture comme on referme un livre. Je suis remplie de ce paradoxe?: avoir remplacé des années de rêves, de fantasmes et de projections par une réalité, qui s’avère différente, mais pas décevante. Il m’est de plus en plus difficile de me souvenir de ce que j’imaginais de l’Amérique sans l’avoir vue. À mesure du voyage, ou simplement du temps, les projections ont disparu, remplacées par une expérience toute aussi individuelle. Rien ne reste de l’avant, si ce n’est des images de routes ou d’épaules idéales. » A 15 ans, un camp itinérant en Grèce lui révèle ce qui sera sa passion et son objet d’écriture privilégié pendant les 10 années qui suivront : le voyage. En parallèle de ses études gymnasiales, Aude Seigne commence donc à voyager pendant l’été : Grèce, Australie, Canada, La Réunion. Le lycée terminé, elle prend une année sabbatique et découvre alors l’Europe du Nord, de l’Est, et le Burkina Faso. Elle effectue ensuite une licence puis un master en lettres – littérature françaises et civilisations mésopotamiennes – pendant lesquels elle continue d’écrire et de voyager autant que possible : Italie, Inde, Turquie, Syrie. Tous ces voyages, ainsi que la rêverie sur le quotidien, font l’objet de carnets de notes, de poèmes et de brefs récits. C’est à la suite d’un séjour en Syrie qu’Aude Seigne décide de les raconter sous la forme de chroniques poétiques. Parues en 2011 aux éditions Paulette, ces "Chroniques de l’Occident nomade" seront récompensées par le Prix Nicolas Bouvier et sélectionnées pour le Roman des Romands 2011. La même année, le livre est réédité aux éditions Zoé. En 2015 paraît Les Neiges de Damas, suivi en 2017 d’Une toile large comme le monde, tous deux aux éditions Zoé. Aude Seigne est également active au sein du collectif AJAR, auteur de Vivre près des tilleuls (Flammarion, 2016). Avec Bruno Pellegrino et Daniel Vuataz, elle cosigne la série littéraire Stand-by (deux saisons, publiés aux éditions Zoé en 2018 et 2019).
Livre papier | 1 | Prix : 15,99 $ |
Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889279821
Parution : 2022
Livre papier | 1 | Prix : 17,99 $ |
Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889274666
Parution : 2017
Livre papier | 1 | Prix : 17,99 $ |
Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889274673
Parution : 2017