Éditeur : Quidam
ISBN numérique ePub: 9782374912561
ISBN numérique PDF: 9782374912547
Parution : 2022
Catégorisation :
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Sloper commence sa journée de travail au moment où s?arrêtent les faiseurs de richesses et redresseurs de torts. Agent d?entretien dans un immeuble, il passe d?étage en étage en poussant son chariot. Il aspire, vide les poubelles, récupère ce qu?il peut. Ni vu ni connu. Avant de rentrer chez sa mère, où il vit à la cave, épiant ses voisines par la fenêtre. Personnage sans histoire, sans ambition ni qualité, Sloper pourrait continuer à dilapider ainsi son temps dans l?indifférence la plus totale. Or un soir, sa routine est brutalement interrompue par une macabre découverte? Bijou de noirceur, Ordure offre le portrait sans concession ni jugement d?un personnage trouble, logé dans l?angle mort de la conscience américaine. Eugene Marten est né en 1959. Il vit à Cleveland,. Il est l'auteur des romans IN THE BLIND (Turtle Press, 2003), ORDURE (Ellipsis Press, 2008), FIREWORK (Tyrant Books, 2010/2018), LAYMAN?S REPORT (Dzanc Books, 2013). Son prochain roman, PURE LIFE, sera publié en 2022 par Strange Light. On dit de lui qu'il est un écrivain pour écrivains. Quoi qu'il en soit, il est un des fers de lance de la littérature contemporaine amércaine. Il est traduit pour la première fois en français. Ordure (Waste en anglais) est le deuxième roman publié de Eugene Marten. Paru en 2008 aux États-Unis,ce court roman a longtemps circulé sous le manteau, le texte passant de main en main jusqu?à atterrir dans celles de Gordon Lish, célèbre écrivain et éditeur américain qui a fait le succès d?auteurs tels que Raymond Carver, Rick Bass ou Richard Ford. Lish raconte qu?après avoir lu Waste, il en a acheté un carton entier à Marten pour offrir les exemplaires à des amis et connaissances, convaincu qu?il venait de lire un roman qui, dans ses termes, « ferait l?histoire et plus encore ». De son propre aveu, Lish « idolâtre » la prose de Marten, qu?il n?hésite pas à placer parmi les trois plus grands écrivains contemporains américains, aux côtés de Don DeLillo et Cormac McCarthy. Pourtant, le roman ? comme le suivant, Firework, qu?il publiera finalement en 2011 chez Tyrant Books ? peinera à trouver un éditeur américain. En cause, la noirceur extrême du contenu, auquel on aurait pourtant tort de résumer le livre, qui va bien au-delà d?une simple histoire de nécrophilie. Synopsis Ordure relate le quotidien de Sloper, un agent d?entretien pour le compte d?un grand immeuble de bureaux au c?ur d?une ville américaine anonyme. Sloper passe d?étage en étage en poussant son chariot pour collecter le recyclage, aspirer les sols, nettoyer les vitres, épousseter les bibelots, vider les poubelles, s?autorisant à garder pour lui ce que les autres ? avocats, informaticiens, banquiers, bref : ce que l?Amérique fait de mieux en matière de faiseurs de richesses et de redresseurs de torts ? mettent au rebus, bouts de sandwich et restes de repas en tout genre? Quand il a fini de travailler, Sloper rentre chez sa mère, où il vit seul à la cave. Si elle occupe le rez-de-chaussée, elle loue l?étage à des jeunes enclins aux débordements. Refusant d?agir, Sloper se contente d?épier, depuis sa lucarne, les allées et venues des deux voisines, une femme en fauteuil roulant et son aide-soignante. Mais la routine de Sloper est interrompue un soir lorsque, constatant qu?un des vide-ordures de l?immeuble est obstrué, il descend au sous-sol. Il y fait une macabre découverte : le corps nu d?une employée, jeté dans la benne tel un vulgaire déchet après utilisation. Contre toute attente, Sloper, y voyant sans doute un moyen de remédier à son extrême solitude, embarque le corps chez lui? Thèmes Ordure peut se lire comme un roman sur le quotidien d?un homme sans histoire, sans qualité ni aucune ambition, qui tue les temps morts dans l?ascenseur de service à l?aide d?un jeu de billes, écoute les conversations derrière les portes closes, fantasme sur les jeunes employées bardées de diplômes en ressassant parfois les souvenirs de son précédent emploi, à la morgue ? un lieu de mort où, paradoxalement, entouré de ses collègues se voyant alors en « Cavaliers de l?Apocalypse », Sloper se sentait sûrement plus vivant qu?il ne l?est avec ses actuels collègues de travail, qui se regroupent à la cafétéria par ethnie et par langue. Or Sloper est « sa propre langue à lui tout seul. » Au-delà du côté macabre, qui survient au premier tiers du livre, Ordure est peut-être avant tout un roman sur la communication, ou l?absence de communication dans un monde (à ce titre, l?immeuble fait office de microcosme qui se veut représentatif de l?Amérique même et du partage implicite qu?elle opère entre ceux qui ont et qui font, et les autres, ceux qui n?ont rien et subissent) rongé par le profit, le rendement, l?utilitarisme, et où la seule communication possible passe par les chiffres, les audits, les bilans comptables et autres bulletins d?info en continu? La relation que noue Sloper avec ses voisines, l?athlétique aide-soignante et la femme en fauteuil, ne fait à cet égard que rejouer cette absence de communication, ou du moins son extrême réduction aux quelques rudiments de la machine : ses bips (comptables, binaires : un ou deux) pour oui ou non. Pour le reste, ce sont les corps qui parlent. Ordure, par le biais de ce personnage dont on ne connait que les gestes ? car il est radicalement privé d?intérieur par une narration qui se refuse à pénétrer ses pensées, et donc sa psychologie ? offre surtout le portrait dérangeant d?une Amérique on ne peut plus superficielle, où tout lien est voué à demeurer mortifère. Le monde de l?entreprise est une décharge où pourrissent les vies de celles et ceux qui s?y entassent, et où les corps se disloquent lentement, dans la violence, la folie, la mutilation ou la vengeance. Points forts La narration au ras du personnage est sans doute l?un des points forts de ce texte, tant elle offre une expérience de lecture saisissante, troublante, inconfortable : en ne pénétrant jamais véritablement la psychologie du personnage, le roman se refuse à tout jugement, joue de la description et de l?ellipse pour installer le lecteur dans cet entre-deux qui lui fait voir à la fois la cruauté d?un système intégralement défini par ce qu?il rejette, ces ordures, ces rebuts, ces déchets, et le rêve qu?il exalte mais auquel il interdit l?accès. À ce titre, Sloper figure ce sur quoi, habitués à fermer les yeux, nous sommes contraints par l?écriture de Marten, dans son aspect brut et froid, à les rouvrir ? ces fantômes qui hantent les rouages d?un système nécrophile, ceux qui ne peuvent faire, littéralement, que ramasser les miettes d?un rêve américain dont les promesses ne leur ont jamais été adressées. L?ordure du titre, le déchet, le gaspillage, est à la fois Sloper bien sûr, le rogaton indigeste, mais aussi l?impitoyable système qui le crée. Monstre et victime à la fois. Mais au-delà du portrait de Sloper, le roman parvient en à peine cent pages à faire proliférer l?intrigue vers de multiples ramifications (les liens entre Sloper et la femme en fauteuil roulant, les monologues de l?avocat qu?on surprend derrière la porte, les agissements des jeunes locataires à l?étage, la mère de Sloper, les relations de travail de Sloper?), plaçant de facto Sloper au c?ur d?un système ? narratif et social ? dont il est lui-même prisonnier. Ainsi, le tour de force du roman, effectué principalement par le choix d?une narration au ras du personnage, est de transformer un être moralement répréhensible en un personnage pour lequel on finit, contraint par l?écriture en ellipse parfois, par éprouver une sorte de sympathie malgré tout. Comparé dès sa sortie à du Chuck Pahlaniuk ou Bret Easton Ellis, Ordure a été salué par de nombreux auteurs américains, parmi lesquels, outre Gordon Lish, figurent Brian Evenson, Blake Butler, Sam Lipsyte, Dawn Raffel, Vanessa Place ou Matt Bell, qui tous y virent un « petit chef-d??uvre » (B. Evenson), « suscitant une admiration époustouflée généralement réservée aux auteurs morts » (V. Place), à l?économie parfaite, « ne gâchant aucune syllabe, aucune pulsation, aucun souffle » (D. Raffel), et dont les phrases « sont autant de véritables sentences tant chacune semble se condamner sur la page ainsi qu?elle condamne le lecteur dans la prison de sa pensée » (B. Butler) ; « rien n?égale la brûlure contrôlée de la prose de Marten » (S. Lipsyte). ==== Comparé dès sa sortie à du Chuck Pahlaniuk ou Bret Easton Ellis, Ordure a été salué par de nombreux auteurs américains, parmi lesquels, outre Gordon Lish, figurent Brian Evenson, Blake Butler, Sam Lipsyte, Dawn Raffel, Vanessa Place ou Matt Bell, qui tous y virent un « chef-d??uvre » (B. Evenson), « suscitant une admiration époustouflée généralement réservée aux auteurs morts » (V. Place), à l?économie parfaite, «ne gâchant aucune syllabe, aucune pulsation, aucun souffle » (D. Raffel), et dont les phrases « sont autant de véritables sentences tant chacune semble se condamner sur la page ainsi qu?elle condamne le lecteur dans la prison de sa pensée » (B. Butler) ; « rien n?égale la brûlure contrôlée de la prose de Marten » (S. Lipsyte). « Rien n?égale la brûlure contrôlée qu?inflige l?écriture de Eugene Marten. Ordure est une fiction qui enivre autant qu?elle désarçonne.» ?Sam Lipsyte «Je lirai n?importe quoi de la main de Eugene Marten jusqu?à la fin de mes jours? Ses phrases sont autant de sentences, chacune d?entre elles est sa propre condamnation sur le papier, sur vous, et dans votre esprit.»?Blake Butler « Seul Eugene Marten est capable de captiver les lecteurs avec les plus infimes détails composant l?existence d?un agent d?entretien. À partir d?un sujet des plus inattendus, Marten a construit une ?uvre envoûtante, Ordure est un petit chef-d??uvre.» ?Brian Evenson « En voici un qui va marquer l?histoire.» ?Gordon Lish Eugene Marten est né en 1959. Il vit à Cleveland,. Il est l'auteur des romans IN THE BLIND (Turtle Press, 2003), ORDURE (Ellipsis Press, 2008), FIREWORK (Tyrant Books, 2010/2018), LAYMAN?S REPORT (Dzanc Books, 2013). Son prochain roman, PURE LIFE, sera publié en 2022 par Strange Light. On dit de lui qu'il est un écrivain pour écrivains. Quoi qu'il en soit, il est un des fers de lance de la littérature contemporaine amércaine. Il est traduit pour la première fois en français.
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Éditeur : Quidam
ISBN : 9782374912547
Parution : 2022