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Cent jours, cent nuits


Éditeur : Editions Zoé
ISBN numérique ePub: 9782889073344
ISBN numérique PDF: 9782889073351
Parution : 2024
Catégorisation : Livres numériques / Autre / Autre / Autre.

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***Ce produit est protégé en vertu des droits d'auteurs.




Description

Rwanda, début des années 1990. Le Suisse David Hohl étouffe dans son quotidien morne à l’aide au développement. C’est dans sa liaison avec Agathe, fille d'un fonctionnaire hutu, et l’instabilité politique causée par le soulèvement des Tutsis qu’il trouvera l’excitation inquiète nécessaire pour sortir de sa léthargie. Jusqu’à ce que survienne l’horreur, en 1994 : le génocide des Tutsis par les Hutus. Plutôt que de fuir, David se tapit dans sa maison de Kigali durant les cent jours du massacre. La culpabilité, l’effroi, la faim et la solitude se mêleront dans ce huis-clos environné de pure violence. Un roman politique et haletant qui s’intéresse aussi aux déviances de l’aide au développement, dont les moyens ont permis le renforcement de la dictature hutu à l’origine du Génocide. Né en 1971 à Thoune en Suisse, Lukas Bärfuss aujourd’hui l’un des écrivains les plus connus de langue allemande, joué dans le monde entier. Romancier, dramaturge, essayiste, il a reçu de nombreuses distinctions pour son œuvre, notamment en 2019 le prix Gorg-Büchner, la plus prestigieuse récompense littéraire germanophone. Rwanda, début des années 1990, au seuil du Génocide. On y trouve alors plus de deux cents organisations humanitaires. À cela une explication: le climat, très agréable à vivre au Rwanda. Et la sécurité, assurée par un régime dictatorial. Qui lui-même profite des ressources de l’aide au développement. Le protagoniste du roman, David Hohl, travaille pour la Direction suisse du développement et de la coopération pour l’aide humanitaire à Kigali, sa première mission. Plein d’idéaux – c’est sa première mission –, David découvre bientôt l’univers morne du bureau de la Direction, « un vivarium, un cube où étaient artificiellement reproduites les conditions du pays d’origine ». Il y rencontre « le petit Paul », coordinateur adjoint qui l’initie « aux méandres de la voie hiérarchique, aux mystères entrelacés du déroulement correct d’un processus opératoire ». « Il était comme ça, le petit Paul. Il aimait ce pays sans réserve, et ce qu’il n’aurait pas accepté chez lui, il l’excusait ici généreusement. » Ou Missland, excessif, profiteur, « marié pour la troisième fois avec une femme de Kigali. Le mariage, il l’entendait comme aide au développement et il trouvait injuste de ne réserver cette possibilité qu’à une seule femme. Cela ne l'empêchait d’ailleurs pas, en outre, d’avoir un harem qui était souvent la cause de violentes disputes. Elles en veulent à mon argent, gémissait-il parfois ». Ce quotidien ennuyeux plonge David dans une quasi léthargie : « Nous jouissions en effet de certains avantages, l’ordre, un climat sain, mais en même temps nous souhaitions parfois nous sentir plus proches de la mère primitive, de la sombre origine qui ne devait pas battre très loin. Nous aurions préféré transpirer plus souvent, regarder plus souvent les gens dans le blanc de l’œil, saluer la folie au petit déjeuner. Nous avions beaucoup de choses à faire, et même en trimant sept jours par semaine, nous ne serions pas venus à bout de notre travail. Et pourtant, nous nous ennuyions. Nous nous trouvions au cœur du continent noir, mais ce n’était tout simplement pas assez brûlant pour en ressentir toute l’horreur métaphysique. » Il trouvera une échappatoire dans sa liaison avec Agathe, une Rwandaise, fille d'un fonctionnaire hutu, de retour au pays après avoir étudié en Europe ; tour à tour passionnée, distante, parfois condescendante. Et trop indépendante pour renouer avec la vie traditionnelle d’une femme rwandaise : « Agathe n’avait plus l’habitude de vivre en famille après avoir appris à apprécier son indépendance à Bruxelles. […] Et maintenant elle devait rester dans ce trou un temps indéterminé où, en tant que femme, elle ne pouvait pas aller seule dans un bar, ni même dans un restaurant normal sans être importunée par quelques types en uniforme sortis on ne sait d’où. » Et quand l’instabilité politique s’instaure avec le soulèvement des Tutsis, David sent, avec l’inquiétude, venir l’excitation : « C’en était fait du calme d’autrefois, mais au moins l’ennui s’était envolé et le danger produisait sur moi un effet vivifiant. Je dormais moins, je buvais plus de café, j’étais pris d’une anxiété vague mais je ne savais pas si c’était la guerre ou si ce n’était pas plutôt cette histoire avec Agathe. » Jusqu’à ce qu’arrive l’horreur, en 1994, et le génocide des Tutsis. Plutôt que de fuir, David se tapit dans sa maison de Kigali durant les cent jours du massacre, d'avril à juillet. Culpabilité, effroi, faim, soif, solitude, sentiments et sensations se mêlent alors en une infernale sarabande qui s’invite dans son jardin de Kigali, devenu la scène du roman, îlot secret confiné alors que tout autour se déchaîne la pure violence. Au-delà de cette plongée dans l’horreur, Lukas Bärfuss s’intéresse aussi aux mécaniques du pouvoir et révèle comment les missions de coopération humanitaires détachées par les occidentaux (la Suisse en particulier) se sont appuyés sur la dictature hutu et ont contribué à la justifier. Car si le Gouvernement hutu a pu tuer autant et aussi vite, c’est grâce à l’aide au développement, spécialement à la Suisse, qui a investi plus et depuis plus longtemps que tous les autres pays dans le régime. 2024, les trente ans du Génocide rwandais Le génocide rwandais s'est déroulé du 6 avril au 4 juillet 1994. Environ 800 000 personnes, Tutsis et Hutus modérés, ont été massacrées. Ce génocide tire ses causes de la colonisation du pays, par l’Allemagne puis la Belgique, au début du 20e siècle. Les ethnies rwandaises sont hiérarchisées par les colons : jugés supérieurs aux Hutus et aux Twas, les Tutsis minoritaires ont accès à l'éducation et aux postes à responsabilité. Dès 1931, la mention de l'ethnie figure sur les papiers d'identité. En 1962, le Rwanda proclame son indépendance. Les Hutus, majoritaires, prennent alors le pouvoir, et la situation s'inverse. Les Tutsis n'ont plus accès à rien. Des milliers d’entre eux sont régulièrement massacrés, et nombreux sont ceux à fuir le pays. Une guerre civile éclate en 1990 et embrase le pays jusqu’à ce que des accords soient trouvés avec l’aide internationale entre les factions engagées, en été 1993. Mais le 6 avril 1994, le président rwandais et son homologue burundais sont tués à bord d’un avion abattu par un missile. Aussitôt, les milices Hutus se mettent à abattre tout individu identifié comme Tutsi. Le génocide prend fin en juillet, au moment où les forces du Front patriotique rwandais, pro-Tutsis, occupe la capitale et déclare un cessez-le-feu, avant de mettre en place un gouvernement d'union nationale pour une période transitoire de cinq ans. Né en 1971, Lukas Bärfuss habite à Zurich. Il a passé plusieurs années de son adolescence dans la rue avant de vivre de sa plume, a été ferrailleur et jardinier, puis a repris une librairie. Aujourd’hui romancier, dramaturge essayiste, il est l’un des auteurs germanophones les plus connus, récompensé en 2019 par le très prestigieux prix Georg-Büchner. Ses pièces de théâtre sont traduites et jouées dans le monde entier. Parmi ses romans, Cent jours cent nuits (L’Arche éditeur, 2009 / Zoé Poche, 2024), qui raconte le génocide rwandais, Koala (Zoé, 2017), retraçant le destin du frère de l’auteur, suicidé, Hagard (Zoé, 2018), récit d’une traque et d’une perte de contrôle subite et totale. Politique, combatif, dans la tradition des grands intellectuels allemands (Heiner Müller, Thomas Bernhard), Lukas Bärfuss lutte pour un monde où les valeurs de l’esprit l’emporteraient sur celles de l’économie. Bärfuss se confronte aux questions de société, en particulier celles qui concernent les plus faibles. Cela toujours de manière très personnelle. Ses textes, il les imprègne d’une force rythmique qui vient de son expérience de dramaturge. Il en ressort un puissant effet de réalisme, une dramatisation des situations en peu de mots. Lukas parle très bien le français, est à l’aise pour les entretiens et les émissions, son charisme est évident.

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Livre papier 1 Prix : 15,99 $
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Cent jours, cent nuits

Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889073351
Parution : 2024