Éditeur : FONDATION JEAN-JAURÈS
ISBN papier: 9782815957281
ISBN numérique ePub: 9782815957298
ISBN numérique PDF: 9782815957304
Parution : 2024
Code produit : 1472658
Catégorisation :
Livres /
Littérature générale /
Littérature /
Théâtre étranger
Format | Qté. disp. | Prix* | Commander |
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Avant d'être élu, Léon Blum était connu comme l'un des principaux critiques de théâtre de la Belle Époque. À travers une sélection de ses critiques et textes théoriques, ce livre veut faire découvrir au grand public cette partie de sa vie aujourd'hui méconnue. Ses critiques ont un poids reconnu et font ou empêchent le succès d'une pièce. Au fil des critiques reproduites et commentées, le livre nous replonge aussi dans une période marquée par de multiples crises – crise dans le couple, crise de la religion, crise de la nation – qui n’est pas sans similitudes avec notre présent. Des crises face auxquelles Blum détonne par son audace, notamment en faveur de l’émancipation des femmes. Léon Blum est né le 9 avril 1872 et décède le 30 mars 1950. Écrivain, critique littéraire et dramatique, il a été l'un des principaux dirigeants du socialisme français des années 20 et cela jusque dans les années 50. Il est le premier socialiste à avoir dirigé le gouvernement français en 1938. Milo Lévy-Bruhl est doctorant en philosophie politique et enseigne à l'Institut Catholique de Paris. Il est spécialiste de la question juive, du socialisme français et de Léon Blum. Léon Blum s’est fait une place dans l’histoire de France en devenant, en juin 1936, à la tête du Front Populaire, le premier socialiste à diriger un gouvernement. Lorsqu’il devient Président du Conseil, Léon Blum a soixante-quatre ans ; officiellement il fait de la politique depuis moins de vingt ans. Pourtant, avant la politique, Léon Blum était déjà célèbre. Jusqu’à ses quarante ans, il est connu et reconnu comme l’un des principaux critiques de théâtre de la Belle Époque. Ces parties de sa vie et de son œuvre sont aujourd’hui totalement négligées. Cette réédition vise à la faire redécouvrir à travers une sélection de ses critiques, certains de ses textes théoriques et de ses conférences sur le théâtre, ainsi qu’une pièce de théâtre inachevée de trois actes, restée inédite depuis 1902. Après avoir été au cœur des avant-gardes littéraires du tournant du siècle, et notamment à la Revue Blanche dont il tient la « Chronique des livres », Léon Blum s’est éloigné de la littérature pour se rapprocher du théâtre. Durant la décennie qui précède la Grande Guerre, il écume les répétitions générales et les premières pour préparer les articles qu’il fournit successivement à La Renaissance Latine, à L’Humanité – qu’il a contribué à fonder, à La Grande Revue, à La Revue de Paris, à Excelsior, à Comoedia ou encore au Matin. Ces deux derniers titres, qui tirent à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, lui permettent de se faire connaître d’un public beaucoup plus large. Petit à petit, il s’impose comme l’un des principaux critiques dramatiques parisiens. Alors que le théâtre français se renouvelle profondément au début du siècle, les articles de Blum sont comme des balises : proche des avant-gardes, il sait aussi marquer leurs insuffisances. En 1911, le grand Jacques Copeau, qui ne le porte pourtant pas dans son cœur, ne peut qu’admettre que Blum est « le plus distingué, peut-être le plus important et certainement le plus en vue des critiques dramatiques actuels. » Jugement ratifié par la postérité : Jean-Laurent Cochet le présente comme le critique « le plus intelligent de son époque. » Attendues autant que redoutées, ses critiques pèsent sur le succès d’une pièce, au point que certains auteurs ne lui pardonnent pas d’avoir relevé leurs carences. En 1912, attaqué par le dramaturge Pierre Veber qui refuse qu’il assiste à sa pièce, Blum ira jusqu’à demander réparation lors d’un duel. Preuve de son importance, Gaumont se déplace pour filmer sa victoire à l’épée. La presse nationaliste et antisémite se déchaîne, elle aussi, contre ce critique juif accusé de saboter la morale chrétienne et d’incliner par préférence ethnique. Loué ou insulté, le Léon Blum critique est au cœur des débats culturels et mondains. Blum écrira des centaines de critiques, presque un demi-millier. Leur qualité est telle qu’à partir de 1906, plusieurs dizaines d’entre elles seront publiées en volume par l’éditeur Ollendorf. C’est la série des quatre tomes d’Au théâtre – réflexions critiques, parus en 1906, 1909, 1910 et 1911. Aujourd’hui introuvables, ces volumes sont des bijoux d’intelligence et de précision. Ils formeront la matière principale de notre réédition. Dans chacune de ses critiques, Blum commence toujours par donner l’argument de la pièce, ce qui en rend la lecture, plus d’un siècle plus tard, totalement naturelle : nul besoin d’avoir vu ou lu la pièce pour en saisir les enjeux. Mais l’effet de modernité des critiques n’est pas lié qu’à leur forme, il tient surtout à leurs thèmes. Blum a deux thématiques principales : les relations de couple et la politique. Or, dans chacun de ces domaines, il se montre avant-gardiste. D’une liberté d’esprit totale – celle-là même qu’il exprimera en 1907 dans son essai Du Mariage où il prend position pour une égale liberté sexuelle des femmes avant le mariage – il livre, texte après texte, une chronique des déboires du couple qui fascine par son actualité. Union libre ou mariage, tromperie et divorce, passion et tendresse, il passe aux scalpels les états amoureux des protagonistes des pièces pour parler des impensées de son époque mais aussi des cas de conscience des amoureux de la nôtre : Peut-on pardonner l’infidélité ? Faut-il céder à la passion amoureuse ? Comment articuler les inclinaisons du cœur et les attendus de la morale ? Cette ligne de fond qui décrit les péripéties de l’amour, du couple et de la famille se conjugue avec une attention très poussée aux dynamiques politiques : le nationalisme, la critique de la République, la glorification des « petites patries » qui agitent une partie de l’élite intellectuelle de cet avant-guerre font eux aussi l’objet de ses critiques. En filigrane, on retombe sur un Léon Blum socialiste qui considère le théâtre comme un espace de confrontations politiques. Mais, là aussi, comment ne pas retrouver l’actualité des thèmes les plus contemporains : la critique d’une prétendue décadence, le désir d’assujettissement de la liberté individuelle… Une fois encore, Léon Blum a des choses à nous dire. La critique de la scène dramatique n’est pas la seule modalité d’intervention de Léon Blum. À travers des articles théoriques et des conférences, il se penche aussi sur le théâtre en général, sur les évolutions qu’il connait à son époque, sur quelques grands classiques comme Shakespeare ou Ibsen, sur le rapport entre le théâtre et la société dans laquelle il se joue, et sur sa conception du métier de critique. Autant de textes qui formeront, à côté des critiques, la deuxième entrée de ce volume sur Léon Blum et le théâtre. Enfin, la troisième entrée de ce volume est un petit trésor. En 1902, Léon Blum rédige les trois premiers actes d’une petite pièce, Sur la colère, qu’il ne finira jamais. Oubliée depuis dans les archives, cette pièce mystérieuse raconte l’isolement progressif d’un père de famille colérique. D’une maîtrise stylistique certaine, véritable portrait psychologique, le drame se veut sans doute aussi une pièce à thème sur les rapports intrafamiliaux : elle peut se lire comme une méditation sur les mauvaises manières d’aimer ses parents, sur le poids que la piété familiale fait peser sur les désirs d’émancipation des enfants.