Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture
ISBN numérique ePub: 9782381961149
Parution : 2024
Catégorisation :
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À Harlowe, paradis rural du New Hampshire, Mim et John Moore vivent une vie à l’écart, travaillant la terre de leurs ancêtres. Jusqu’au jour où Perly Dunsmore, commissaire-priseur au charme diabolique, s’allie au shérif pour organiser des enchères : il faut renflouer les caisses de la police locale pour protéger la commune de la violence des grandes villes. Les Moore et leurs voisins sont appelés à donner ce qu’ils ont pour la bonne cause, sans soupçonner la sombre mécanique qui s’empare de leur petite communauté. Fiction sur les rouages infernaux de la dépossession, à mi-chemin entre le thriller, le nature writing et le grand roman américain, Délivrez-nous du bien est un conte terrifiant sur la perte d’identité, l’enfer du capitalisme et la peur de ceux qui ne possèdent rien ou presque. Décédée quelques semaines après la sortie de son roman, Joan Samson (1937-1976) ne connaîtra jamais le succès de ce conte quasi orwellien qui doit autant à sa modernité qu’à son écriture sans fioriture et néanmoins pourvue d’une espèce d’étrangeté, capable de faire monter l’angoisse et presque un cri, qui malheureusement jamais ne survient. Délivrez-nous du bien est un grand livre de la dépossesion, où Joan Samson parvient à rendre le mal et l’inconcevable non seulement plausibles, mais banals. À Harlowe, paisible communauté rurale du New Hampshire, à quelques heures de Boston, la vie suit son cours : les gens travaillent la terre, coupent du bois et achètent ce qu’ils ne peuvent produire. John Moore et les siens vivent un peu à l’écart et, à leur façon simple et un peu rude, ils sont heureux. Jusqu’au jour où un homme sorti de nulle part – mais qui a bourlingué partout –, un commissaire-priseur au charme diabolique, s’allie au shérif pour organiser des enchères publiques afin de renflouer les caisses de la police locale et pouvoir mieux protéger la commune de la violence rampante des grandes villes. Les habitants sont délicatement amenés à donner ce dont ils ne veulent plus, à se séparer de ce qui les encombre, à vider leur grenier poussiéreux pour la bonne cause. Mais jusqu’à quand ? Roman sur les rouages infernaux de la dépossession des plus pauvres et des menaces des forces de l’ordre, cette fiction à mi-chemin entre le thriller, le nature writing et le grand roman américain est un conte sensible et terrifiant sur la perte d’identité et le vol des âmes, l’effondrement de la morale face à la loi des marchés, et la peur de ceux qui ne possèdent rien ou très peu, qui les conduisent à une forme déroutante de soumission. Et, ultimement, il pose au lecteur l’essentielle mais angoissante question : jusqu’où, exactement, peut-on céder ? Née en septembre 1937 en Pennsylvanie, Joan Samson est la fille d’Edward W. Samson et Helen Samson (née Verrall). Son père est originaire de Winnipeg, capitale de la province canadienne du Manitoba – seule grande ville dans une région rurale. Il commence ses études en physique nucléaire au Canada, puis obtient deux doctorats à l’université de Princeton dans l’État du New Jersey. Devenu citoyen américain, il travaille en Pennsylvanie ainsi qu’au Massachusetts Institute of Technology de Boston, où il participe à la conception du générateur de Van de Graaff (générateur électrostatique permettant d’atteindre des tensions très élevées, visible encore aujourd’hui au Museum of Science de Boston). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il contribue au développement du radar, et poursuit sa carrière au service de la force aérienne américaine. Il a, par ailleurs, un goût pour la musique et la philosophie. Sa mère grandit dans une petite ferme en bois de la province du Saskatchewan où l’on pratique l’agriculture vivrière. Elle transmettra à sa fille les histoires de son enfance à la campagne, qu’elle présente (pour les oreilles de la jeune Joan) comme un lieu idyllique où chacun dispose de terres immenses sur lesquelles les animaux peuvent courir et où les habitants n’ont pour préoccupation que de survivre à l’hiver en organisant leurs réserves et en protégeant leurs plantations du gel. Professeure, elle entretiendra toute sa vie une relation très proche avec sa fille. Joan commence ses études en littérature contemporaine dans le Massachusetts. Elle se marie une première fois et déménage à Chicago, où elle obtient son diplôme (B.A.) en 1959. Après une année seulement, pendant laquelle elle exerce en tant qu’institutrice, elle et son mari divorcent. Elle continue alors d’enseigner pendant trois ans dans le Massachusetts, et rencontre Warren C. Carberg, l’administrateur d’une bibliothèque avec qui elle se mariera. Tous deux décident de s’installer à Londres, en 1965. Ensemble, ils parcourent l’Europe dans leur coccinelle Volkswagen et campent çà et là dans une tente igloo. Ils rentrent ensuite au Massachusetts, et une université de la région de Boston offre à Warren un poste de professeur de lettres, tandis qu’elle poursuit ses études à Medford, dans le Massachusetts également. Elle obtient sa maîtrise (M.A.) en 1968, après quoi elle reprend l’enseignement. À cette époque aux États-Unis, les mouvements de contestation contre la guerre du Vietnam sont nombreux, et le jeune couple est très impliqué dans les groupes de discussion et les manifestations. Plus tard, en 1973, elle travaillera à l’édition du journal universitaire Daedalus. Joan est alors enceinte de leur fille Amy, et décide de se lancer dans l’écriture de Watching the New Baby (publié par Athenaum Press en 1974). Il s’agit d’une œuvre de non-fiction, dans laquelle Joan raconte sa grossesse et la naissance de sa fille. Le livre obtient un succès auprès des jeunes mères, qui trouvent le contenu à la fois documenté et rassurant, mais il sert aussi à réconforter les enfants inquiets de l’arrivée d'un nouveau bébé dans leur famille. Parallèlement à leur vie dans le Massachusetts, Joan et Warren possèdent un terrain au nord, dans la campagne du New Hampshire. Ils en ont fait l'acquisition à leur retour d’Europe, pour la modique somme de 8 300 dollars. Le terrain s’étend sur 48 hectares et comprend une maison en très mauvais état datant de l’époque coloniale. Ils n’y vivent pas à l’année, mais s’y rendent le week-end. Le lieu rappelle clairement la cadre de Délivrez-nous du bien : anciennes granges laissées à l’abandon, collines boisées (dans lesquelles ils découvrent un cimetière envahi par la végétation – là bas, Joan se frotte par mégarde à du sumac vénéneux et doit aller jusqu’à se bander les jambes au scotch pour résister aux démangeaisons), et un étang qui leur semble paradisiaque mais qu’ils baptisent pourtant “Skunk Pond?? (littéralement “l’étang qui pue??). L’endroit est désert, pour se rendre chez leurs voisins les plus proches – des fermiers de la région – ils doivent parcourir un chemin de terre sur plus d’un kilomètre. Cet élan qui a poussé de jeunes citadins diplômés à s’installer à la campagne dans la fin des années 60 tient moins d’une excentricité personnelle ou d’un réel goût pour la campagne que d’un effet de mode. On estime à presque un million le nombre d’Américains ayant décidé de quitter la ville (parce qu’ils ne s’y sentaient pas entendus et trouvaient leur mode de vie néfaste). C’est d’ailleurs la première fois depuis la colonisation du territoire que la croissance de la population rurale américaine dépasse celle de la population urbaine. Joan (comme beaucoup d’autres) constate que cette migration vers la campagne n’est pas ce qu’elle espérait. Ils sont forcés d’admettre que le New Hampshire n’offre pas un cadre de vie paisible, éloigné de tout (travailler la terre et rénover la maison prend du temps, et ils résident encore en ville). Son mari dira même plus tard que l’endroit était “tout sauf paradisiaque". Elle décide alors, en 1975, bien qu’elle ne se soit jamais essayée à la fiction (l’auteur de la famille, c’est son mari, professeur de lettres), d’écrire une nouvelle d’une dizaine de pages sur l’arrivée dans un village du New Hampshire d’un étranger venu de la ville. L’idée lui serait venu d’un cauchemar. Elle part du constat que de nombreuses personnes, qui souhaitaient trouver un mode de vie sain en s’installant à la campagne, n’ont pu se départir des logiques capitalistes et intéressées qu’elles ont apprises en ville. C’est donc le début de la rédaction de ce qui deviendra Délivrez-nous du bien. Après avoir fait lire la nouvelle à son mari, celui-ci l’encourage à en faire un roman, et c’est grâce à Pat Myrer, agente littéraire de chez McIntosh and Otis avec qui elle avait collaboré pour Watching the New Baby, que Joan Samson parvient rapidement à publier son texte. Le livre parait en janvier 1976, et en peu de temps se hisse sur la liste des meilleures ventes. Malheureusement, Joan Samson décède le 27 février, d’un cancer du cerveau, quelques semaines après la parution. Elle s’apprêtait à participer à de nombreuses rencontres organisées pour la promotion de son roman.