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Voir l'invisible


Éditeur : Editions Champ Vallon
ISBN numérique PDF: 9791026711902
ISBN numérique ePub: 9791026711896
Parution : 2023
Catégorisation : Livres numériques / Autre / Autre / Autre.

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***Ce produit est protégé en vertu des droits d'auteurs.




Description

Au de??but du XXe sie?cle, la de??couverte des rayons X et du radium, les spéculations autour de la photographie de la pensée et des canaux sur Mars agitent l’opinion. C’est dans ce contexte qu’une e??cole singulie?re voit le jour en France : le mouvement merveilleux-scientifique. Maurice Renard, chef de file, consomme la rupture avec le roman d’aventures scientifiques de Jules Verne et propose, comme Guy de Téramond ou Jean de La Hire, d’accomplir un voyage immobile et crédible qui donne à penser le développement parallèle des (pseudo)sciences de l’invisible. Ainsi, leurs héros se voient pourvus du don de télépathie ou de miniaturisation. Cette Atlantide littéraire, diffuse dans la culture populaire de son temps, questionne les angles morts de l’histoire de la science-fiction française. Fleur Hopkins-Loféron, née en 1990, est docteure en histoire de l’art, actuellement postdoctorante au CNRS (UMR 7172 THALIM). Elle a dédié sa thèse de doctorat, ainsi qu’une exposition à la Bibliothèque nationale de France, au mouvement méconnu du merveilleux-scientifique français et à tout son cortège d’auteurs relégués aux oubliettes littéraires. Le présent ouvrage, intitulé Voir l’invisible. Histoire visuelle du mouvement merveilleux-scientifique (1909-1930) est issu d’une thèse de doctorat, récompensée par le prix SHS PSL 2020 dans la catégorie « Arts, esthétique, littérature ». Il a pour objet l’étude de la construction historique et sociale du regard, c’est-à-dire, à la suite des travaux de Michael Baxandall sur le period eye, la façon dont l’histoire et les discours conditionnent les manières de voir. Il vise, à cet égard, à reconstruire le « régime scopique » (modèle optique, théorique et pratique, dominant à une époque donnée) du passage du XIXe au XXe siècle, en n’utilisant non plus comme les historiens de l’art des œuvres artistiques, mais en jetant son dévolu sur une Atlantide littéraire du nom de merveilleux-scientifique. Pour ce faire, l’ouvrage s’est construit autour de trois régimes scopiques majeurs, à même de faire sentir au lecteur l’ambition panoptique des Français entre 1890 et la fin des années 1930. Chacune de ces trois grandes scansions (« voir au-dedans », « voir au-delà », « voir l’envers ») a été rapprochée de l’un des modèles littéraires qui a participé à l’édification du corpus merveilleux-scientifique : le roman expérimental, le mystère scientifique et le merveilleux moderne. Ce mouvement littéraire, souvent confondu avec la science-fiction ancienne, a connu son acte de baptême en 1909, quand l’écrivain Maurice Renard publie un premier texte-manifeste qui vise à rompre avec Jules Verne et Albert Robida, tout en se reconnaissant d’autres ancêtres ou homologues, comme H. G. Wells, J.-H. Rosny aîné ou Edgar Allan Poe. L’appellation donnée au mouvement montre d’autant bien son intrication intime avec la culture médiatique et technique dont il est issu. Elle désigne d’abord un processus de normalisation du surnaturel. À la même époque, en effet, de nombreux savants comme Camille Flammarion ou le couple Curie sont de fervents spirites et assistent aux séances de tables tournantes. Pour eux, ces phénomènes surnaturels, qui défient la raison, ne sont que de la science non encore expliquée. Cette formule désigne aussi la possibilité d’un réenchantement du monde par l’exploration scientifique d’univers invisibles, comme ceux de l’infiniment petit ou de l’optique physiologique, qui familiarisent le public avec des réalités jamais vues auparavant. De fait, les récits merveilleux-scientifiques ne se déroulent pas dans un futur éloigné et ne ressentent pas le besoin d’amener le lecteur en des contrées exotiques. Il leur suffit de lui faire éprouver un voyage immobile, reposant sur une hypothèse absolument crédible. En effet, dans le cadre rationnel du présent familier du lecteur, une seule loi physique, chimique ou biologique est modifiée ou inventée, de sorte à proposer un roman en tout point logique, à l’exception de cette prémisse extrapolée. Dans ces textes, les héros se voient soudainement capables de traverser la matière (Maurice Renard, « La Singulière destinée de Bouvancourt », 1909), de lire les pensées (Paul Féval fils et Henri Boo-Silhen, La Lumière bleue, 1930), de vivre sous l’eau (Jean de La Hire, L’Homme qui peut vivre dans l’eau, 1909), tandis qu’ils assistent à une scène venue du passé (Marcel Roland, « Sur le mur », 1913), photographient les auras (Alex Coutet, Le Miroir de l’invisible, 1921) ou voyagent sur Mars par la force psychique (Gustave Le Rouge, Le Prisonnier de la planète Mars, 1906). Le mouvement merveilleux-scientifique n’a jamais fait l’objet d’aucun essai, encore moins universitaire. Il est resté confiné dans les mémoires d’amateurs de récits d’imagination scientifique anciens, disséminé sur les étals de bouquinistes, grand absent des rayonnages de bibliothèques. La rédaction de cet ouvrage a donc épousé une méthode archéobibliographique, à contre-courant de l’histoire littéraire officielle, prenant en cela la suite du travail débuté par les érudits de science-fiction dans les années 1970 et poursuivi encore aujourd’hui par plusieurs encyclopédistes comme Guy Costes, Philippe Mura et Joseph Altairac, ou anthologistes, comme Serge Lehman. Pour cela, ce travail a pris la forme d’une chasse aux trésors, doublée d’une enquête dans les profondeurs du roman populaire, attentive à remonter la piste de ces romans oubliés, qui pour beaucoup ont connu de nombreuses éditions, en feuilletons, fascicules et romans à leur époque. L’une des fondations de ce travail a été de discuter la simplification qui voudrait que la littérature de merveilleux-scientifique soit seulement une forme de « science-fiction archaïque ». Le mouvement merveilleux-scientifique, en effet, n’a pas été un épisode anecdotique dans l’histoire littéraire et artistique du début du XXe siècle et il est nécessaire de le distinguer d’autres phénomènes étrangers comme la science-fiction américaine, qui ne sera d’ailleurs appelée comme telle par Hugo Gernsback qu’en 1929. Il a aspiré à faire école, comme en témoignent les nombreux manifestes écrits par Maurice Renard, et les combats littéraires menés par ses principaux membres, souvent réunis en comités ou en associations. Ce faisant, cette étude permet de révéler les ramifications nombreuses qui ont participé à la constitution du champ merveilleux-scientifique, qui touche autant au roman fantastique, qu’au roman populaire ou au roman scientifique, tout en éclairant les raisons de son occultation. Il soulève tout autant l’intérêt du public généraliste puisque celui-ci est chaque fois étonné de découvrir qu’avant René Barjavel ou Régis Messac, la France a mis au monde d’autres auteurs d’imagination scientifique, aujourd’hui oubliés, et dont une cinquantaine de noms est mis à l’honneur dans l’ouvrage. Il devient alors possible d’utiliser l’abondant corpus merveilleux-scientifique comme document historique de premier choix, afin de raconter la frénésie panoptique (tout voir, mieux voir) qui étreint les Français peu de temps après la découverte des rayons X et le développement du cinématographe, en 1895. En sa qualité de récit d’imagination scientifique d’un genre nouveau, il enrichit l’histoire des sciences et techniques car il témoigne avec vitalité des transformations opérées en sciences et en pseudosciences de l’invisible à la même époque. En effet, de nombreux auteurs (André Couvreur, Raoul Bigot, Octave Béliard, etc.) étaient ingénieurs ou médecins et utilisaient le roman comme un espace d’extrapolation, de potentialités. La démarcation nette d’avec Jules Verne (Maurice Renard disait vouloir le « démolir »), suppose que le roman se fasse laboratoire scientifique dans lequel observer les conséquences de découvertes imaginaires, tout comme Émile Zola se plaisait à étudier l’influence du milieu sur ses personnages. Grands lecteurs de revues de vulgarisation, ces écrivains puisent directement l’inspiration dans les découvertes contemporaines (persistance rétinienne, greffes, radium). Ils sont aussi mâtinés de spiritisme et d’occulture et suggèrent que le surnaturel (télépathie, quatrième dimension, métempsychose) pourrait bientôt trouver une explication scientifique. Enfin, cet ouvrage, accompagné de 80 illustrations, déborde les limites habituelles de l’histoire de l’art pour souligner la nécessité du développement d’une histoire des arts et de l’image. L’intérêt tout particulier accordé aux illustrations, à la petite imagerie, à la culture médiatique, à la publicité suggestive et à tout ce qui compose les études visuelles, souligne la nécessité d’un renouveau dans le champ de l’histoire de l’art, au contact des cultures visuelles et de l’archéologie des médias, dans le but de construire enfin une histoire du regard qui n’occulte plus la culture populaire comme c’est trop souvent le cas dans les ouvrages d’histoire de l’art. L’étude matérielle des sciences et techniques invite elle aussi à une recherche faite de turbulences, de marges et de sentiers inattendus. Elle a permis, dans cet essai, d’étudier des médias rêvés, oubliés, laissés pour compte, en retard ou trop en avance sur leur temps : psychographe, ondogène, électroscope, condensateur psychique, etc. En mettant la transdisciplinarité au cœur de son propos, Voir l’invisible. Histoire visuelle du mouvement merveilleux-scientifique (1909-1930) souligne comment les romans dits populaires peuvent nous aider à mieux comprendre les contextes scientifiques, historiques et artistiques qui les ont vu naître. Fleur Hopkins-Loféron est docteure en histoire de l’art, actuellement postdoctorante au CNRS (UMR 7172 THALIM). Elle consacre ses travaux à l’étude de la réception des sciences occultes, et plus spécifiquement de la métapsychique, dans la culture populaire de la première moitié du XXe siècle, en littérature comme en culture visuelle. Elle a dédié sa thèse de doctorat, ainsi qu’une exposition à la Bibliothèque nationale de France, au mouvement méconnu du merveilleux-scientifique français. Elle prépare actuellement un ouvrage sur le succès du néo-fakirisme dans les arts du spectacle et la culture médiatique française des années 1920-1930, tout en poursuivant un travail de fond sur le roman populaire occulte.

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Voir l'invisible

Éditeur : Editions Champ Vallon
ISBN : 9791026711896
Parution : 2023