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Pile ou face


Éditeur : Editions Zoé
ISBN numérique PDF: 9782889072712
ISBN numérique ePub: 9782889072705
Parution : 2023
Catégorisation : Livres numériques / Autre / Autre / Autre.

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***Ce produit est protégé en vertu des droits d'auteurs.




Description

Une petite ville, un soir de mars. Voyant que son mari tarde à revenir du travail, Élisabeth L. se surprend à imaginer sa vie sans lui : un appartement mieux chauffé, aller au lit quand ça lui chante. Mais Charles arrive, le visage sombre sous son chapeau. Thérèse, leur fille, rentre à son tour, broyée par un chagrin d’amour. Le repas est prêt, on passe à table. Nous sommes en 1929. Dans ce premier roman, Catherine Colomb affûte sa plume, ce style unique qui lui vaudra admiration et reconnaissance. À l’ironie cruelle qui n’épargne aucun de ses personnages répondent des images poétiques qui soulèvent tout le texte. En trois chapitres et autant de saisons, elle brosse le portrait drôle et tendre d’une famille terriblement normale où les rêves des uns entravent ceux des autres. Catherine Colomb (1892-1965) est, avec Alice Rivaz et Corinna Bille, l’une des écrivaines majeures du XXe siècle en Suisse romande. Depuis son premier roman, Pile ou face, passé presque inaperçu à sa publication en 1934, et jusqu’à son dernier livre, Le Temps des anges, publié chez Gallimard en 1962, Colomb ne cesse d’explorer un univers qui lui est propre, tendu entre les mesquineries humaines et les lois de la mémoire – un monde où la nature a toujours le dernier mot. Dès la première phrase de son premier roman, Catherine Colomb annonce la couleur : « Dix-huit heures. Les demi-dieux en vestons descendent dans les rues ; ils rentrent chez eux, s’assoient à table, et le geste de déplier leur serviette suffit pour faire apparaître la pomme de terre paysanne, l’endive hollandaise, l’aubergine provençale, le café de Java. » Dans ces lignes écrites en 1932 est dénoncé un problème on ne peut plus actuel : l’invisibilisation du travail domestique des femmes. Mais cette charge porte déjà la marque unique de Catherine Colomb, qui noue ironie et poésie, lyrisme et critique sociale, pour déployer un univers dans lequel la vie la plus quotidienne se frotte à quelque chose qui la dépasse. L’intrigue de Pile ou face est simple : en trois chapitres – « Mars », « Juin » et « Octobre » –, la vie d’une famille ordinaire. Les L. ont la cinquantaine. Charles est professeur à l’école secondaire, son épouse Élisabeth l’attend à la maison. Après le repas, elle tricote, il lit le journal. Leur fille Thérèse, 25 ans, souffre en pensant à Philippe, le garçon qui l’a quittée. D’ici l’automne, c’est sûr, elle se suicidera. Au fil du roman et des saisons, les personnages s’épaississent. Élisabeth se voit vieillir et songe à ses jeunes années, quand « il faisait beau toute l’année » : « Le ciel se voilait un peu quand fleurissaient les immortelles ; on rentrait les lourdes chaises de jardin au pavillon pour quelques jours ; une neige pure se mettait à tomber, légère et japonaise ; puis elle disparaissait sans laisser de boue, on trouvait des violettes dans l’herbe et l’été recommençait. » Charles pense aux économies qu’il pourrait faire et au livre qu’il rêve d’écrire. Thérèse n’en finit pas de ruminer son chagrin. On en apprend davantage sur son histoire avec Philippe, et on perçoit des échos proustiens dans l’amour de cette jeune femme pour cet homme séduisant mais bête, avec lequel elle n’aurait peut-être, en définitive, pas été si heureuse. Pour une femme mariée, mère de deux enfants en bas âge et écrivant au début des années 1930, Catherine Colomb n’a peur de rien, quand elle dit par exemple du « bonheur maternel » qu’il « n’est, après tout, qu’un bonheur de seconde main ». Ou dans cette remarque de Thérèse, terriblement lucide : « Que veux-tu, maman, la vie est injuste pour les femmes. Elles ne sont heureuses qu’à condition d’avoir une quantité de points d’avance sur l’homme : être de vingt ans plus jeune, ou d’une famille cinq fois meilleure, ou avoir dix fois plus d’argent. » Des indices permettent de déterminer que l’histoire se déroule à Lausanne en 1929 – ce pourrait tout aussi bien être ailleurs, et à une époque plus proche de la nôtre. Dans ce roman, les personnages ne sont pas épargnés, on rit beaucoup de leurs faiblesses et de leurs ridicules, qui ressemblent aux nôtres. Mais l’écriture de Colomb, qui peut tout se permettre, leur offre aussi des échappées qui font éclater leur cadre étriqué et ouvrent sur une autre vie, plus libre, plus sauvage : « — Comment, dit M. L. en se levant tout courroucé, tu as laissé l’électricité allumée au corridor ? Mais tu es folle ! Aux heures les plus chères ! Il ne te manquera plus que de repasser depuis six heures du soir ! Il alla l’éteindre, mais il ne se rassit pas ; il se promenait de long en large, les mains derrière le dos, le cœur battant, se heurtant gauchement aux meubles. Si on pouvait tout détruire, pensait-il, tout anéantir ! Quelle paix ensuite sur ces ruines ; comme on travaillerait bien : une table de sapin, des grandes feuilles de papier blanc, lisse, glacé, ligné, une chaise de paille, des rideaux blancs, une maison aux volets verts, une vache et un petit bateau… — On a beaucoup trop de choses, commença-t-il tout à coup d’une voix un peu tremblante ; on s’encombre, on se fatigue à gagner de l’argent pour tout cela. Voyez déjà dans cette chambre : ce fauteuil ancien, là-bas, dans cet angle, avec sa table et sa lampe, à quoi sert-il ? Personne ne s’y assied jamais. Et ce piano ?… Savez-vous ce que nous allons faire ? Partir… quitter cette école, ces gamins, cette petite ville, partir pour Paris, vivre dans deux mansardes, mais vivre… vivre… Ou bien aller planter du maté en République argentine. Voilà la vie, la vraie vie, saine, active… » Le récit d’un repas de famille, un soir de juin, est un véritable morceau de bravoure : la tension monte avant l’arrivée des convives, dont la présence souligne et aggrave les rancœurs et les tristesses. Colomb passe sans effort d’une intériorité à une autre, monte les unes contre les autres les pensées de chaque personnage – les remarques condescendantes de la tante fortunée, la soumission de son mari, la panique de la bonne qui a peur de faire un faux pas… Dans ce premier roman qui lui sert en quelque sorte de laboratoire, Colomb convoque déjà des motifs et des personnages qui reviendront plus tard dans son œuvre. Surtout, même si son intrigue est linéaire, elle s’avance vers ce qui constituera sa grande originalité, une structure dictée par des souvenirs, des associations d’idées qui font trembler la chronologie, comme dans ce passage où Thérèse regarde le feu : « La bûche dans la cheminée ressemblait à un lièvre allongé sur les cendres, aux oreilles de feu. Un soir qu’ils étaient en auto, Philippe s’était écrié : “Un lièvre !?? Ils passaient à ce moment près d’un champ plein de choux blancs qui étincelèrent sous la lumière des phares comme des choux de cristal… » Si ces passages peuvent rappeler les techniques modernistes exploitées à la même époque par Virginia Woolf (dont Colomb a toujours dit qu’elle ne l’avait pas lue), d’autres évoquent, de manière plus surprenante, Les Choses de Perec, qui ne paraîtront que 30 ans plus tard. Les objets – par exemple l’aspirateur – sont autant des marqueurs d’une époque qu'une façon pour Colomb d’épaissir ses personnages sans entrer dans des considérations psychologiques. Dans la dernière partie, prenant prétexte de l’enterrement d’un vague cousin, Élisabeth s’arrache à sa prison conjugale pour s’offrir un voyage à Genève, seule. Elle prend le bateau, regarde des hommes. Elle se sent libre. Mais au retour, une fois couchée, elle n’échappe pas au couperet de Catherine Colomb : « elle sentit avec honte qu’elle préférait cette chambre confortable à sa liberté ». Cette vision lucide de la condition humaine et des rapports entre les gens traverse tout le roman. Mais si le monde dépeint est égoïste et cruel – « sur quoi pleure-t-on jamais, sinon sur soi ? » –, le soin avec lequel Colomb décrit les choses concrètes, les objets, la nature, l’attention qu’elle porte à ses personnages et les moments de grâce qu’elle leur offre laissent apercevoir, sous la petitesse et les regrets, la lumière d’un autre espace. Née en 1892 à Saint-Prex, une petite ville au bord du lac Léman, Catherine Colomb perd sa mère très jeune et est élevée par sa grand-mère. À 18 ans, elle fait un long séjour en Allemagne, suivi trois ans plus tard par un autre séjour, plus court mais autrement marquant, en Angleterre. C’est là qu’elle fait la connaissance de Lady Ottoline Morrell, une intellectuelle qui, identifiant le grand talent de la jeune femme, ne cessera de l’encourager à écrire. Colomb gardera aussi de ces quelques mois passés entre Londres et Oxford un humour anglais qu’on retrouve partout dans son œuvre. Après des études de lettres à l’université de Lausanne, elle se marie en 1921. Dix ans plus tard, mère de deux enfants, elle se met à la rédaction de ce qui deviendra son premier roman, Pile ou face, qui paraît en 1934. Mais ce n’est qu’avec Châteaux en enfance, publié en 1945, que Catherine Colomb commence à être remarquée par le milieu littéraire. Gustave Roud en Suisse, puis Jean Paulhan à Paris, ne cachent pas leur admiration pour son travail, qui se déploie lentement. Elle publiera encore deux romans : Les Esprits de la terre, en 1953, et Le Temps des anges, en 1962. La parution de ce dernier livre aux Éditions Gallimard lui vaut enfin une reconnaissance plus large. Elle se lance dans un nouveau texte, mais celui-ci demeure inachevé lorsqu’elle meurt en novembre 1965. Ses œuvres complètes, dirigées par Daniel Maggetti, ont paru aux Éditions Zoé en 2019 sous le titre Tout Catherine Colomb.

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Livre papier 1 Prix : 15,99 $
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Pile ou face

Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889072705
Parution : 2023