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Tentations de l'éthique


Éditeur : L'Eclat
ISBN papier: 9782841626502
ISBN numérique PDF: 9782841626519
Parution : 2023
Catégorisation : Livres numériques / Autre / Autre / Autre.

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Description

Le vocabulaire de l'éthique s'est 'enrichi' de nouveaux termes (résilience, bientraitance, empowerment) qui ont déplacé l'idée de responsabilité de l'autorité médicale vers les patients eux-mêmes. Cette déresponsabilisation justifie également le désengagement économique de l'Etat par rapport au service public, qui prend de plus en plus les allures d'une coquille vide où s'ébattent des individus empowermentés ou résilients et où la bientraitance contrainte prend les formes d'une bien-maltraitance. À la suite de ses écrits sur le langage et le cerveau, Emmanuel Fournier, professeur de médecine et des questions d'éthique médicale à la Pitié Salpétrière, dresse, avec ce dernier livre un portrait sans concessions d'un corps médical désincarné. Préface de Jean-Christophe Mino. Emmanuel Fournier (1959), philosophe poète et professeur d'éthique médicale à la Pitié Salpétrière, a disparu brutalement en mars 2022. Il a publié à l'éclat plusieurs ouvrages depuis Croire devoir penser (1996) ou Insouciances du cerveau (2016), jusqu'à sa Philosophie infinitive, reprise dans L'éclat/poche en 2018. Signalons également : Les mots des derniers soins (Belles Lettres, 2008), La fabrique du visage (2010) ou Transplanter (2015). Parallèlement à ces écrits philosophiques et poétiques sur l'infinitif et à ses travaux sur le cerveau, Emmanuel Fournier (1959-2022), disparu brutalement en mars dernier, était professeur de médecine à la Pitié Salpétrière, où il faisait un cours (très suivi et très peu conventionnel) sur les questions d'éthique médicale (il n'avait plus depuis longtemps de "pratique" médicale à proprement parler, ne parvenant plus à manier le scalpel). Ces réflexions sur l'éthique médicale nourrissaient à la fois ses écrits sur le cerveau que ses écrits plus spécialisés sur les opérations du visage, la transplantation d'organes, ou sur les “mots des derniers soins?? à propos de la médecine paliative. Sollicité par un éditeur universitaire pour un ouvrage sur la 'bientraitance', nouveau mot à la mode dans le milieu médical, Emmanuel Fournier proposa un "petit traité de la bien-maltraitance" qui fut immédiatement refusé pour 'non conformité' avec l'opinion commune. Ce texte fut alors largement remanié, non pas pour le rendre conforme à l'opinion commune, mais pour en accentuer la non-conformité et pour dénoncer la mise en place d'un nouveau vocabulaire de l'éthique hospitalière dont les effets ne sont pas seulement linguistiques, mais économiques et politiques. La bientraitance, la résilience, l'empowerment, etc. ne sont, pour Fournier, qu'une mise en place d'un lexique qui désengage le médecin et l'hôpital de leurs responsabilités pour les faire porter par les patients eux-mêmes, désormais résilients et empowermentés. L'un des effets de cette mise en place, outre la déresponsabilisation des médecins, est le désengagement économique de l'Etat des institutions hospitalières. En gros: un patient qui ne ferait pas acte de résilience, qui ne serait pas suffisament empowermenté, n'aura qu'à s'en prendre à lui-même. La bientraitance étant homologuée comme pratique hospitalière, toute maltraitance serait à imputer au patient qui ne se laisserait pas "bien-traité"... Quelques jours avant de disparaître, Emmanuel Fournier nous avait écrit qu'il venait de mettre le dernier point à ce livre dont nous avions accepté avec enthousiasme la publication à la lecture de la première mouture. Restait à intégrer dans le texte, tel qu'il était, des "paroles de patients" (en soins paliatifs) qui avaient déjà servies d'exemples dans le livre sur Les mots de derniers soins. Cet ensemble de 'paroles de patients" était constitué et portait le titre : "Dire mourir. Portrait d'homme mourant". Plutôt que de placer arbitrairement ces citations dans un texte achevé, nous avons préféré les faire suivre toutes ensemble le texte principal Tentations de l'éthique. L'ouvrage est une réflexion sans appel sur les méfaits d'un langage non approprié pour définir des situations médicales et qui procède d'une nouvelle vision du monde où la résistance cède la pas à la résilience, où la bientraitance est contrainte et n'a rien à voir avec l'éthique, où l'engagement n'est plus qu'une prise de pouvoir, quand c'est précisément le "pouvoir" qui engendre la nuisance. La pensée d'Emmanuel Fournier, qui a pris la forme singulière d'une réflexion sur l'infinitif, recèle bien des aspects essentiels pour envisager une éthique des pratiques humaines, qu'elle prenne place dans le cadre (restreint, mais bien révélateur) de la relation à la maladie et aux soins, ou qu'elle s'exprime dans les actes du quotidien, dont l'inventaire est établi à partir de la liste des verbes à l'infinitif. Le titre "Croire devoir penser", premier livre de Fournier en 1996, en fait comprendre tous les enjeux. Le livre est préfacé par Jean-Christophe Mino, médecin-chercheur qui travaille (et a écrit plusieurs articles) sur les soins palliatifs et les questions liées aux études médicales. Il avait co-signé avec Emmanuel Fournier Les mots des derniers soins. La démarche palliative dans la médecine contemporaine, Belles-Lettres, 2008. Emmanuel Fournier (1959), philosophe poète et professeur d'éthique médicale à la Pitié Salpétrière, a disparu brutalement en mars 2022 à l'âge de 63 ans, laissant ce dernier écrit qui vient s'ajouter à la longue liste de ses publications dans différents domaines. Il a publié à L'éclat plusieurs ouvrages depuis Croire devoir penser (1996) ou Insouciances du cerveau (2016), jusqu'à sa Philosophie infinitive, reprise dans L'éclat/poche en 2018. Signalons également : Les mots des derniers soins (Belles Lettres, 2008), La fabrique du visage (2010) ou Transplanter (2015) chez des éditeurs médicaux.