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Démunis : les travailleurs sociaux et la grande précarité

Le Goaziou, Véronique


Éditeur : PRESSES DE SCIENCES PO.
ISBN papier: 9782724639650
ISBN numérique ePub: 9782724639674
Parution : 2023
Code produit : 1463120
Catégorisation : Livres / Sciences humaines / Sciences sociales / Travail social

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Description

Dans les squats et les bidonvilles des Bouches-du-Rhône, à la gare Saint-Charles de Marseille comme dans les quartiers populaires, Véronique Le Goaziou a suivi le travail de plusieurs intervenants sociaux, éducateurs comme bénévoles, auprès de publics en situation de très grande précarité. Elle donne ainsi à voir les pratiques ordinaires du travail social. Sur le terrain, les travailleurs sociaux interviennent auprès des populations ne se dérobent pas. Ils n’attendent pas que les conditions soient réunies pour agir – en vérité elles ne le sont jamais. Ils agissent à partir de leur expérience, des bonnes pratiques et des dispositifs existants, convaincus que toute action, même infime, aura des effets. Au risque de voir leur travail social réduit à un soin palliatif… Véronique Le Goaziou est sociologue et ethnologue. Elle travaille sur la délinquance, la violence, la pauvreté et les politiques publiques relatives à ces questions. Elle est notamment l’auteur, aux Presses de Sciences Po de Viol. Que fait la justice ? (2019). Extrait : « Un après-midi de novembre, l’équipe croise deux jeunes filles qui ont froid et faim. Nous allons boire un café avec elles et un éducateur offre un gâteau à l’une des deux. La plus âgée nous informe qu’elle a des problèmes urinaires ou gynécologiques, elle souhaite trouver un point d’eau pour se laver, mais elle n’a pas d’argent pour utiliser les toilettes de la gare ; un des éducateurs, muni de tickets, l’y accompagne. Avant cela, nous passons un moment avec plusieurs garçons habitués à traîner à la gare, pour certains issus des petites cités voisines et impliqués dans des trafics. Ces garçons ont bu de l’alcool et fumé, ils sont fatigués et tristes, à fleur de peau et en conflit latent les uns avec les autres, avec parfois des poussées de violence. Les éducateurs interviennent auprès de jeunes qui, d’une certaine façon, ont leur vie à la gare. Se pose à eux, certes, la question de leur nourriture et de leur hébergement, mais interviennent aussi les relations qui se tissent entre eux, les confidences que les éducateurs recueillent sur le grand amour de telle adolescente, sur les problèmes de telle autre avec son père, les sanglots d’un garçon qui vient de perdre un membre de sa famille, etc. Prise d’alcool ou de drogues, morosité, lassitude, énervements, règlements de compte, cris, agressivité : les émotions sont vives et l’équipe doit savoir écouter, apaiser, répondre et ne pas se laisser distancer pour maintenir le lien. Dans ces moments, l’intervention relève de l’aide immédiate et ne vise pas un quelconque traitement, ni même une solution, à peine la satisfaction d’un besoin élémentaire ou juste l’entame d’un dialogue pour essayer de prendre soin de ces jeunes particulièrement vulnérables. Se pratique ici un travail social palliatif. »