Éditeur : Le Mot et le reste
ISBN numérique PDF: 9782384311279
ISBN numérique ePub: 9782384311286
Parution : 2023
Catégorisation :
Livres numériques /
Autre /
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« Mes souvenirs sont des crépuscules ; aucune de mes histoires n’a de commencement.?» Une femme sans passé se cache dans la forêt depuis des années. Elle y vit en ermite, cueille, pêche, piège et admire la beauté du monde sauvage. Son existence dans des gorges difficiles d’accès est spartiate mais heureuse, jusqu’au jour où une détonation claque sur le causse. Ce coup de fusil sonne le départ d’une course contre la montre pour préserver ce coin de paradis et précipitera une suite d’événements implacables qui révélera cette femme à elle-même. Offrant la vision d’une vie autre, à l’instar du roman Dans la forêt de Jean Hegland, La Femme paradis pousse le lecteur à interroger ses certitudes, ses limites et ses désirs. Pierre Chavagné est né en 1975 en banlieue parisienne. Il vit en Uzège dans une maison en bois avec sa femme et ses trois fils. Depuis peu, il se consacre exclusivement à l’écriture. La Femme paradis est son troisième roman. Alors qu’une catastrophe a mis fin à la vie en société, une femme vit en autarcie et en osmose avec la forêt qui l’entoure. Elle a renoncé à la civilisation ou ce qu’il pourrait en rester. Dans une grotte qu’elle a aménagée pour se protéger de la forêt et de ses habitants, elle mène une vie ascétique à rebours de ce qu’elle a connu. Mais l’intrusion d’individus sur son territoire menace tout ce qu’elle a construit et elle se prépare à défendre ce dernier quoi qu’il en coûte. Commencent une course contre la montre et une chasse à l’homme au milieu d’une nature dont la beauté et la brutalité sont tour à tour dépeintes. Alors qu’elle lutte pour mener à bien sa « mission », le danger approchant, le passé oublié émerge dans son esprit. Elle sait qu’il faudra aller au bout. ---- "Des nuages noirs roulent dans un ciel de cendre. Il pleut sur l’horizon, une pluie oblique dont les fines gouttes nettoieront le feuillage d’automne des hêtres et des châtaigniers mais ne rempliront guère les réservoirs. La lumière pâle du soleil perce par endroit et projette ses rayons sur la canopée. « Les doigts de Dieu » comme P. avait coutume de les désigner. Pas le temps d’admirer. Elle se relève, enveloppe son cahier dans un film plastique, qu’elle glisse dans un sac à dos. Elle rabat la bâche sur un tas de bois rangé contre la paroi de la falaise, déplace une casserole de quelques centimètres et ajuste au-dessus un bambou taillé en demi-lune. Elle attrape le sac et le place au côté de son fusil sous l’avancée de la falaise. Ces gestes sont précis. Ils ne trahissent aucun agacement, aucune impatience. Les premières gouttes picorent son visage, elle enfile sa veste et se met à l’abri aux côtés du paquetage et du fusil." Je prélève ma part, ni plus ni moins. Je tue pour vivre, pour ma sécurité et ma nourriture. Dans la société, c’est la même tuerie sauf qu’ici, je ne délègue pas mes besognes au boucher et au militaire. Dans la forêt, je m’expose, je me salis. Un rocher assis sur le rebord de la falaise scrute l’horizon. C’est comme s’il avait été posé là, il y a des millions d’années – old man rock - vieux sage minéral face à l’immensité. L’homme a la manie de nommer les choses. Il n’est pas suffisant qu’un rocher soit un rocher, il doit appartenir ou ressembler à quelqu’un, alors il devient « le roc du bossu », « du gros Jean » qui a sa cabane à deux pas ou « la pierre du diable » car sa forme évoque un crâne coiffé d’une paire de cornes fourchues. L’homme recense ainsi les montagnes, les cols, les vallées, les rivières, certains arbres remarquables par leur taille ou leur forme. L’homme invente pour se consoler de n’avoir rien créé. Il étiquette pour ne pas se perdre dans ce monde indéfini, il baptise pour laisser une trace, pour exister, pour ne pas mourir tout à fait. C’est sa grandeur et sa vanité. Elle s’adosse contre la hanche granitique du stoïcien et partage avec lui un moment de sagesse immobile. Il flotte dans l’air une odeur ferreuse comme si le vent glacial avait sucé une balle et vous la recrachait au visage. Elle inspire cet air et l’accueille avec bienveillance. Elle chasse de son cerveau toutes les pensées sales, toutes les négations, toutes les images et étouffe les résidus sous une épaisse couche de néant. Elle se vide et s’oublie. Elle a les yeux clos. Les rafales brassant le froid du nord, cinglent son visage, les joues et le front rosissent sans que ses muscles n’esquissent le moindre frissonnement. La traque commence par une journée pétrifiée.
Livre papier | 1 | Prix : 15,99 $ |
Éditeur : Le Mot et le reste
ISBN : 9782384311286
Parution : 2023