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La Beauté sur la terre


Éditeur : Editions Zoé
ISBN numérique ePub: 9782889071173
ISBN numérique PDF: 9782889071180
Parution : 2022
Catégorisation : Livres numériques / Autre / Autre / Autre.

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Description

Juliette, 19 ans, débarque de Cuba au printemps dans une communauté vigneronne petite et étriquée, prise entre lac et vignes ; et la quittera secrètement en août pour une destination inconnue. Elle a beau être la nièce du cafetier Milliquet, Juliette restera une étrangère, foncièrement différente des villageois, principalement par sa beauté mystérieuse. Sa présence éphémère au sein des habitants va modifier fortement leur quotidien. Car elle possède une sorte de don, de pouvoir magnétique d’attraction. Mais Juliette, en toute innocence, va diviser le groupe jusqu’au drame. Ce texte lie les thèmes de la beauté, de la solitude et du désir sexuel pour dire l’imperfection du monde. La proximité de Ramuz avec la peinture, celle de Cézanne en particulier, et avec la musique, populaire comme celle de Stravinski, est magistrale dans ce roman, La Beauté sur la terre, paru en 1927 chez Mermod à Lausanne et en 1928 chez Grasset à Paris. C’est un roman presque d’action, que la critique a abondamment salué. Juliette a 17 ans, elle arrive de Cuba, accueillie par son oncle le cafetier Milliquet dans un village entre les rives du lac Léman et les collines couvertes de vignes. Nièce et oncle ne se connaissent pas, se parlent à peine, paralysés par la timidité et la gêne. Juliette s’enferme plusieurs jours dans sa chambre, la femme de Milliquet s’impatiente : ce n’est qu’une bouche à nourrir et en plus elle se comporte comme une princesse. Mais nous lecteurs, savons qu’elle vient de perdre son père, un homme aimant et aimé par elle, alors qu’elle était déjà orpheline de sa mère « espagnole ». Juliette est en deuil, mais le village n’a pas l’idée de l’empathie. Enfin, elle fait son apparition au café. Tous les hommes sont animés d’une profonde curiosité à son égard, pêcheurs, paysans, vignerons, charpentiers, cafetier, jeunes hommes, tous ils sont stupéfaits par cette arrivée inopinée et surtout par la beauté ineffable de la jeune fille. Très vite, les clients viennent de loin pour la voir. Les comportements dérapent. La femme de Milliquet est jalouse, Juliette se sent traquée, prisonnière. Mise à la porte par Madame Milliquet, Juliette s’enfuit chez Rouge, le vieux pêcheur, tout aussi fasciné par elle que les autres, mais dont l’attitude est protectrice. Il est heureux qu’elle se sente chez lui comme chez elle, la proximité immédiate de la cabane de Rouge avec l’eau, les travaux qu’il a fait dans la fébrilité pour lui donner une chambre à sa façon, murs blancs, sobriété de l’ameublement, font qu’elle se sent en effet presque comme à la maison. Mais Rouge exagère : à force de la protéger, il en fait une prisonnière. C’est que le Savoyard la guette, tout comme le jeune Maurice, qui en a abandonné Emilie, sa fiancée. Les comportements dérapent encore, et plus gravement. Seul l’accordéoniste italien, bossu, saura créer un lien avec Juliette, qui dansera sur sa musique. Ce sont des moments de paix et de grâce pour la jeune fille. Elle en éprouve également de tels dans la nature, avec l’eau et les montagnes. Elle y brille, littéralement. De ses premiers à ses derniers romans, Ramuz est hanté par le sentiment que les hommes ne communiquent pas, qu’ils ne connaissent pas l’union, qu’ils ne sont que « posés les uns à côté des autres » : séparation et non communication sont chez lui des mots-clés. Dans La Beauté sur la terre, Ramuz nous fait éprouver à travers Juliette, bouleversante de beauté, d’innocence, de pureté, foncièrement séparée des autres, une épiphanie miraculeuse, sorte d’unité première, sentiment profond et bouleversant de plénitude. Que ce soit sur les rives du lac, contre la montagne ou avec la musique d’Urbain l’accordéoniste italien, lui aussi un étranger, séparé des autres par sa bosse et sa langue : « C’est alors qu’elle était reparue ; il y avait eu une grande joie sur les montagnes. Elle s’est avancée, elle s’avançait sous le châle de soie ; dans le mouvement en avant de la marche, on voyait les longues franges monter en glissant le long de ses jambes, puis aller de chaque côté de leur rondeur en s’écartant. Elle a posé ses beaux pieds nus sur les cailloux. Et tout à coup le châle jaune l’a quittée, (…) en même temps les montagnes brillaient, les poissons sautaient hors de l’eau, – mais elle brillait à présent, elle aussi, elle brillait de ses bras nus, elle brillait de ses larges épaules. (…) il y avait comme du miel contre les parois de rocher. Plus bas, sur la pente des prés, c’était comme de la poudre d’or ; au-dessus des bois, une cendre chaude. Tout se faisait beau, tout se faisait plus beau encore, comme dans une rivalité. Toutes les choses qui se font belles, toujours plus belles, l’eau, la montagne, le ciel, ce qui est liquide, ce qui est solide, ce qui n’est ni solide, ni liquide, mais tout tient ensemble ; il y a comme une entente, un continuel échange de l’une à l’autre chose, et entre toutes les choses qui sont. Et autour d’elle et à cause d’elle (…). Il y a une place pour la beauté... » Et quand Juliette se met à danser, un sentiment d’unité naît : « et, avant, il y avait plusieurs choses : là où elle se tient, il n’y en a plus qu’une. Avant, les choses venaient séparément à vous, elles étaient sans communication entre elles, on n’en pouvait jamais tenir qu’une à la fois, – maintenant, elles sont toutes là et c’est comme si elles étaient toutes en une. » Juliette s’est enfermée dans sa chambre, elle vient d’arriver, elle ne sait plus où elle est, les souvenirs récents se bousculent dans sa tête. Soudain elle entend la musique du bossu qui seule est capable de la faire sortir et d’entrer dans la communauté des hommes au café. Le « on » est tantôt celui de Juliette, tantôt du narrateur, tantôt encore celui de Rouge le pêcheur : « Elle était retournée s’étendre sur son lit. Elle se levait, elle allait s’asseoir sur une chaise, elle ne savait pas pourquoi elle était assise ; elle retournait se coucher, elle ne savait pas pourquoi elle était couchée. Il y avait un grand mélange dans sa tête où toutes sortes d’objets allaient et venaient pêle-mêle, puis l’un d’eux grandissait, se plaçant devant les autres : c’était un pont de bateau. C’est une toile cirée avec une assiette et un verre, ou une grosse dame à brassard jaune et blanc, sa jaquette grise serrée à la taille et boutonnant sur une guimpe à col montant. On voyait comment une des baleines entrait dans un pli de la peau sous le menton chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, parce qu’elle vous parlait. Elle ne vous parle plus... On voit en face de soi le mur avec un papier gris à petites roses blanches. Le mur venait à elle à travers l’autre image qui s’amincissait et qui est devenue transparente comme quand la trame d’une étoffe s’use. S’étant levée, elle va au mur pour le toucher. Puis, de nouveau, elle est sur sa chaise, de nouveau elle est balancée, la chaise montant lentement sous elle pour commencer ensuite à redescendre toujours plus, pendant qu’on a froid autour du cœur. Il lui a semblé que la nuit était venue. On a entendu les sirènes hurler dans la brume. On heurte, la porte s’ouvre. Elle voit, sans lever la tête qu’elle cache dans ses mains, elle voit entre ses doigts qu’on lui apporte son repas sur un plateau, puis elle a dû pleurer longtemps encore ; elle a dû dormir et dormir beaucoup, seulement on ne sait pas quand on commence à dormir et quand on cesse de dormir. Les nuits et les jours s’emmêlent, comme quand on met les doigts d’une main entre les doigts de l’autre main. On est ici, et, en même temps, c’est l’hôpital, un pot de tisane, le lit de fer, les draps blancs, la veilleuse, la feuille de température fixée au mur par des punaises ; – on entend la pluie tomber sur le toit, on entend les moineaux venir piquer du bec dans le chéneau à petits coups secs ou bien le fer-blanc grince sous leurs pattes ; – et à présent ? oh ! on l’a enterré. On la mène dans des bureaux. Elle va chez un photographe, on a collé la photographie sur une page de carnet ; on a appliqué le sceau humide moitié sur la photographie, moitié sur la page écrite. Elle pleure beaucoup de nouveau. Elle a froid. Elle s’étend sur son lit ; elle se roule dans ses couvertures. Le wagon où elle se trouve est tout près de la locomotive ; la locomotive siffle, siffle encore, les freins frottent contre les roues ; une secousse, on s’arrête brusquement... – Juliette ! Elle reconnaît le nom que son père lui donnait ; puis on a essayé d’ouvrir la porte, mais la porte est fermée à clé. – Juliette, vas-tu répondre ? On recommence : – Alors tu t’enfermes à présent. Qu’est-ce que c’est que ces manières ? Ça ne va pas durer plus longtemps comme ça... Tu vas descendre. On a besoin de toi... Elle s’était assise sur le lit ; elle a dit : « Je viens. » Elle se trouve assise sur le lit, puis s’étonne. On redescendait l’escalier. Elle entend qu’on descend l’escalier ; elle s’étonne parce qu’il lui semble qu’il fait clair, et c’est que tout change. Le mur en face d’elle a changé de couleur. Elle s’est demandé d’abord si elle ne continuait pas à rêver, mais elle le voit qui dure, ce mur, il ne veut plus cesser de durer ; – il bouge, et en même temps le plafond bouge. Une quantité de jolies petites lunes sont là-haut, ayant toutes le même mouvement, comme si elles étaient cousues les unes aux autres : elles font penser à des motifs de dentelle, tandis qu’il y a un carré de soleil comme un tapis sur le plancher. Et c’est des choses qui sont vraies. Il y a aussi une bonne chaleur qui vient ; elle ôte la couverture dont elle s’était enveloppée, l’ôte de dessus ses épaules, de dessus ses bras, toute sa peau. Elle est comme quand on se réveille, et cette fois c’est pour de bon. Le grand éclat de rire des quilles lui fait alors tourner la tête vers les deux petites fenêtres qui se touchent sur le devant de la chambre sous le toit ; là, elle s’étonne plus encore. On ne voit rien d’abord, parce qu’il y a deux lumières : il y a celle d’en haut et il y a celle d’en bas, il y a celle du ciel et il y a celle de l’eau. Elle n’a pas compris, à cause de ces deux lumières ; il faut premièrement qu’elle les sépare, mettant la main à plat au-dessus de ses yeux. On jouait aux quilles, on tapait avec un verre ou une chopine sur les tables, des conversations à haute voix étaient engagées, on appelait le patron ; – dans les fenêtres, c’est toute cette eau qui flambe en pétillant par petites rangées, et brûle blanc comme un feu de copeaux. En bas c’est l’eau, mais il y a trois choses. L’eau en bas, puis elle regarde un peu plus haut et c’est la terre (si c’est bien encore de la terre, cette autre rive, quand on dirait plutôt de l’air pétri, de l’air qu’on aurait serré entre ses mains). C’était comme de l’air dans de l’air, c’était du bleu dans le bleu, jusqu’à ce que plus haut, mais là elle n’a plus compris du tout : là pendait aux cordeaux du ciel la belle lessive des champs de neige... « Et c’est alors, disait Rouge, que l’ouvrier de Rossi s’est mis à jouer. Il faut dire que c’est un artiste comme il n’y en a pas deux dans le pays. Et l’instrument !... Un instrument de douze basses tout en bois précieux, avec des fleurs de pêcher tellement bien imitées qu’on les cueillerait, et les touches sont en argent... Un instrument de 500 francs au moins, alors il faut entendre le détaillé des notes hautes : le chardonneret ne fait pas mieux. Et un instrument comme celui-là, ça s’entend à 1 bon kilomètre. La preuve c’est qu’elle l’a entendu depuis sa chambre, et même qu’elle était couchée et elle l’a entendu depuis son lit (il inventait). C’est la musique qui l’a fait se lever, la musique qui l’a fait venir. Milliquet à lui tout seul n’y aurait rien pu. S’il dit le contraire, il se vante. Sans la musique, je vous affirme, moi, qu’elle n’aurait pas bougé ; d’ailleurs c’est elle qui me l’a dit. Et puis, rappelez-vous, quand elle est arrivée... On a bien vu pourquoi elle venait et pour qui. Une fille comme elle et la musique, ça va ensemble. Personne ne l’avait aperçue encore, et elle avait été jusqu’à ce jour-là comme une morte ; mais voilà, c’est des filles ainsi, un petit air de danse les ressusciterait. C’est ces pays d’où elles viennent, des pays chauds, alors le sang leur saute hors des veines comme les ruisseaux, quand le printemps vient, hors de leur lit. Vous n’avez qu’à vous rappeler cette entrée... » Mme Milliquet sortait de la cuisine dont elle était en train de refermer la porte ; elle ne l’a pas refermée plus avant. Sa main était restée sans mouvement sur la poignée ; le bruit des voix dans la salle à boire vient par terre comme si on avait donné un coup de ciseaux dedans. On n’a plus entendu aucun bruit derrière le mur du corridor où il y a eu comme une première largeur de silence, en avant de laquelle le bruit de la terrasse continuait à se faire entendre, mais il s’est tu à son tour. « Milliquet était à ce moment-là sur la terrasse, disait Rouge ; il fallait voir la tête de Milliquet !... » Il n’y a donc plus eu un instant que le roulement de la boule sur la planche bien arrosée, comme quand un orage commence ; puis vint encore l’éclatement des quilles ; puis : « Quatre ?... » Dans le grand silence, une voix : « Quatre... » – « Non, cinq... » – « Ah ! oui, cinq... Je n’avais pas... » Là-bas également, tout s’était interrompu. C’était pendant qu’elle s’avançait jusque sous les platanes, et s’y est tenue un instant ; puis, ne sachant plus trop que faire, était revenue sur ses pas. Le silence durait toujours dans la salle à boire. Elle a regardé autour d’elle, elle a d’abord tourné le dos au vitrage, puis se tourne de nouveau vers le vitrage et vers le soleil, – c’est à ce moment que Chauvy s’était levé. Il avait comme toujours son vieux chapeau melon tourné au vert, sa jaquette pisseuse et à boutons tous différents, cousus avec de la ficelle, sa petite canne, ses souliers crevés ; il vient, il se met devant elle. Il porte la main à son chapeau. Il ôte son chapeau, tandis que sa grosse barbe sale va en bas et a été remplacée par son crâne qui brillait entre deux touffes de cheveux. » La collection « C. F. Ramuz » Une série de volumes qui rend justice à l’écrivain le plus important de Suisse romande. Parfois considéré à tort comme un glorificateur du terroir, C. F. Ramuz est avant tout un inventeur de formes romanesques, un explorateur des registres et des ressources de la langue, comparable à un Picasso. À travers des titres choisis par Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann, préfacés et annotés par des critiques aux horizons variés, cette collection ouvre l’accès à des textes peu connus, mais fait aussi découvrir autrement les œuvres emblématiques de l’auteur. Né en 1878 à Lausanne, Ramuz s’installe pour dix ans (1904-1914) à Paris où il étudie à la Sorbonne, fréquente Charles-Albert Cingria, André Gide ou le peintre René Auberjonois. En 1914, Ramuz revient en Suisse et s’installe parmi les vignes du Lavaux, d’où il ne bougera plus. Là, il rédige le manifeste des Cahiers vaudois.revue, autant que maison d’édition, réunit les créateurs majeurs de Suisse romande (Cingria, Ernest Ansermet, René Auberjonois, Gustave Roud), mais aussi Romain Rolland ou Paul Claudel. L’écriture de Ramuz devient dès lors de plus en plus révolutionnaire, il abandonne la narration linéaire et adopte souvent un point du vue collectif et anonyme, « on », attribué tantôt au groupe tantôt au narrateur anonyme, tantôt à l’écrivain ou encore à différents personnages dont le lecteur se sent du coup extrêmement proche, presque une prolongation. Son écriture audacieuse lui vaut les critiques de ceux qui lui reprochent de « mal écrire exprès ». Pendant cette période il rédige entre autres L’Amour du monde (1925), La Grande peur dans la montagne (1926) et La Beauté sur la terre (dont Grasset dira qu’ « il est celui à l’intrigue romanesque la plus poussée »), qui marquent l’apogée de sa carrière littéraire. Dès 1924, Grasset publie les livres de Ramuz et lui assure ainsi un succès auprès des critiques et du public lettré. Son œuvre est aujourd’hui publiée dans la collection de la Pléiade. Introduction Christian Morzweski a présidé les universités d’Artois et de Lille, et administré l’université de Picardie. Il est spécialiste du roman français de l’entre-deux-guerres, est rédacteur en chef des Cahiers Giono, et a assuré l’édition critique de différentes œuvres de Giono, Bosco, Ramuz dont il a édité les derniers romans dans la Pléiade.

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Livre papier 1 Prix : 10,99 $
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La Beauté sur la terre

Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889071180
Parution : 2022