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Adam et Eve


Éditeur : Editions Zoé
ISBN numérique PDF: 9782889071623
ISBN numérique ePub: 9782889071616
Parution : 2022
Catégorisation : Livres numériques / Autre / Autre / Autre.

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Description

« — Vous êtes un homme, il ne faut pas l’oublier, et moi une femme ; on n’est pas des anges, qu’en pensez-vous ?» Avec Adam et Ève (1932), Ramuz donne corps à un projet qui l’a occupé pendant plusieurs années, et qui n’est rien moins qu’une réécriture des premiers chapitres de la Genèse. Destiné à « illustrer un vieux mythe d’Occident », le roman démontre la fatalité de la Chute. En peignant la désillusion de Louis Bolomey, Ramuz brosse une vision de la condition de l’homme sur terre qu’il assimile à un long désenchantement. Charles-Ferdinand Ramuz, né en 1878 à Lausanne, vit dix ans (1904-1914) à Paris où il fréquente Charles-Albert Cingria, André Gide. En 1914, il revient en Suisse et s’occupe des Cahiers vaudois, fameuse revue qui réunit lCingria, René Auberjonois, Gustave Roud, Romain Rolland et Paul Claudel. Son œuvre est une variations sur l’amour et la mort. Ses audaces stylistiques lui valent le reproche de mal écrire « exprès ». Son œuvre est aujourd’hui publiée dans la collection de la Pléiade. Avec Adam et Ève (1932), Ramuz donne corps à un projet qui l’a occupé pendant plusieurs années : une récriture des premiers chapitres de la Genèse. Son héros, Louis Bolomey, brusquement quitté par Adrienne sa femme, est consolé par Lydie qui aime les hommes et lui tient une philosophie pleine de bon sens. Mais bientôt, à cause de Gourdou le rétameur qui ne cesse de lui parler du péché originel, il entend une voix qui le conduit à voir, littéralement, l’histoire d’Adam et Eve. Ramuz procède par images, pour lui, les images sont « plus réelles que la réalité », plus « nettes », plus « impérieuses », plus « éclatantes ». « Ainsi on est dirigé par quelque chose qui est tantôt dans votre tête, tantôt dans vos entrailles, tantôt on ne sait où ». Ces sortes de « films » sont projetés dans les « sous-sols de nous-mêmes ». Alors Bolomey identifie Adrienne à Eve. Le héros voit Eve dans la vie réelle, à trois pas de sa maison, au point qu’il « se cache derrière un buisson pour ne pas être vu ». Il devient Adam, la scène a lieu dans son propre jardin qui devient celui de la Genèse. Car Adrienne, qui souffre de solitude, veut retrouver son mari, mais elle ne sait rien de la métamorphose morale de ce dernier. Lydie, clairvoyante et toujours amoureuse, facilite les retrouvailles, devinant que les deux époux ne pourront se comprendre, leurs deux mondes sont inconciliables. Et en effet, la violence du décalage entre l’image et la réalité sera insupportable à chacun des époux. Après une scène d’amour d’une beauté saisissante (cf l’extrait ci-dessous), la puissance du choc causera une rupture cette fois définitive. Et cette fin abrupte ne sera pas l’objet d’un commentaire psychologique, Ramuz s’est donné une fois pour toute pour mot d’ordre de « ne jamais rien expliquer. C’est le centre, je m’y tiens d’instinct. » Ce texte est au fond une critique de la conception chrétienne qui voudrait que le péché d'Eve justifie le patriarcat. Non, l'histoire du couple originel est pour Ramuz un constat sur le couple, une utopie pour lui: l'homme est condamné à la séparation. Même si l'amour à sa naissance est un profond bonheur, un bonheur existentiel: Suite à la mort de sa mère, Bolomey s'est comme éteint. Alors quand il rencontre Adrienne: "Il était mort; il est vivant. Il dormait, il est réveillé. Il est ressuscité dans son corps dans un monde ressuscité." Même si c'est donc un bonheur existentiel au départ, il finit par la séparation: " Mais c'est ça, la condamnation, parce qu'un et un à présent ça fait deux et qu'avant ça ne faisait qu'un, - et on cherche à comprendre et on ne peut pas comprendre. " Extrait : Quand Ramuz écrit une scène d’amour, les corps s’entremêlent et deviennent un, deviennent mousse colline et terre lisse et crevassée, odeur, chaud froid, haleine. Louis Bolomey et Adrienne se trouvent enfin, on est à la fin du roman, la dernière scène avant la séparation finale : « Ah ! que de force il y a en elle ! ah ! quelle extrême pesanteur. C’est un poids qui pèse sur moi et en même temps il pèse sur elle. C’est une lourde charge, comme quand un arbre est sous la neige. On cède ensemble l’un vers l’autre, et on s’emmêle l’un à l’autre, comment est-ce qu’on se démêlera ? Mais c’est beau. Ah ! c’est fort ! ah ! c’est doux ! C’est grand : comment me retrouver et toi ? comment nous retrouver l’un et l’autre à présent ? Comment est-ce qu’on se défera jamais ? Il dit : « Où es-tu ? » Elle dit : « Je ne sais plus bien. » Il dit : « Tu n’as pas besoin de savoir… » Il dit : « Tu n’as même pas besoin de bouger, je te porte. » Je suis fort, ou bien si c’est toi qui es forte ? On n’a qu’une force à présent ; on n’a qu’une force à nous deux. Il l’avait prise, il la soulève, il la serrait contre lui, elle le chauffait sous l’oreille avec son haleine. Oh ! où es-tu ? parce que je te cherche, où es-tu ? Et, moi, où est-ce que je suis ? parce que je me cherche et ne sais déjà plus où tu commences et je finis. Où es-tu sous tes vêtements qui ne sont pas toi et te nient ? – une dernière séparation, une faible séparation. Il voit qu’elle le regarde. Il voit ses yeux qui sont tout près de lui l’un et l’autre avec leur couleur ; il voit leur couleur pour la première fois. Il les croyait noirs, ils sont bleu foncé : fermez-vous. « Toi, dit-il, ça en fait un » ; « et puis toi, ça en fait deux ». Il la pose à côté de lui, mais elle ne l’a pas lâché. Elle a noué ses bras autour de son cou, elle est consentante, elle ne parle plus, elle dit oui, elle ne parle pas. Elle se laisse faire, c’est une femme. O petite Ève d’avant la faute, parce qu’il n’y en a point, il n’y a point de faute. Ne bouge pas ; tu dis oui. Ton menton rond, ton cou qui est gras et marqué de trois petits plis qui sont dessus comme un collier. Je te cherche, je te trouverai, et, toi, tu me trouveras. Collier bleu, collier gris, ô fil mince, c’est-à-dire trois fils l’un au-dessus de l’autre, trois minces fils, et je vous défais. Car sa tête va en arrière, son menton a été plus élevé que sa figure, oh ! comme une petite colline qui cache ce qu’il y a derrière ; et on dit : adieu, où es-tu ? Elle cède, elle ne bouge pas. Elle se défait sur les draps. Et je la cherche et je me cherche. Et je me trouverai moi-même en la trouvant. Une épaule et l’autre, sa gorge. Brune et blanche. Bruns et blancs, ses bras, blancs et bruns. Est-ce toi ? pas encore ; petite, tu m’entends ; car il lui parle avec toute espèce de mots qui ne sont pas dits, car il ne sait plus s’il les parle en lui-même ou les profère. Elle dit oui, elle ne dit rien. On est en dehors du monde, parce qu’on est dans un monde plus vrai, qui contient le monde d’où on vient, qui le dépasse, qui le complète, qui l’achève. Elle m’appelle, elle m’espère, elle m’attend, elle soupire après moi ; se soulevant un peu, retombée, mouvante, chaude et froide, lisse ou grenue, crevassée. Toute la terre et toutes les saisons sont sur elle, mais est-ce bien toi encore ? car tu es tout : c’est-à-dire que nous sommes tout. Je monte, je descends, je te parcours. Ses genoux sont comme deux pierres. Oh ! fraîche et froide, ou tiède ou chaude, toutes les saisons sont ensemble réunies en toi, et ne se contredisent plus. Non plus successives : juxtaposées. Tes genoux, c’est l’hiver. Il connaît la nature entière, et tout entière du même coup. Ton cou, c’est le printemps ; l’été est sur tes joues. Toute la terre avec ses saisons que je parcours ; et l’automne est sur ton ventre. Toute la terre, nue ou moussue, ayant ses plaines et ses collines, ses bombements et ses replis, ses défilés, – et toute l’odeur de la terre en chacune de ses saisons : printemps, été, automne, hiver, l’odeur de l’herbe, l’odeur du foin, l’odeur du raisin qu’on écrase ; l’odeur de l’écorce du bois mort. Tu es la terre, tu es l’année ; tu es l’espace, tu es le temps. Et pourtant ce n’est pas tout encore, parce qu’il y a au-dessus de nous quelque chose qu’il nous faut atteindre et atteindre communément. Toi aussi, il y a quelque chose que tu cherches, que tu cherches à travers moi comme moi à travers toi. Il y a que je suis encore séparé de toi et toi de moi, parce qu’on est deux, petite ! Et elle le sait ; elle l’attire à elle, maintenant. Elle noue ses bras autour de son corps, elle se soulève, elle se tend. Il cède avec le milieu de lui-même à une force irrésistible, ô faible femme, faible et forte. Rejoints ? pas encore tout à fait rejoints. Mais est-ce moi seulement qui vois cette chose (car quel autre nom lui donner ?) cette chose en avant de nous, ou bien si c’est toi, ou bien si c’est nous : qui est une chose instantanée en même temps qu’une chose sans fin, à l’extrême pointe du présent et qui remplit tout le passé et l’avenir, imperceptible, démesurée ; qui n’est pas vue par moi, qui n’est pas vue par toi, parce qu’elle est au-delà de toi et de moi, qui est vue de nous et par nous ; toute proche et insaisissable, qu’il faut pourtant atteindre, qu’on va atteindre, et où on ne sera plus deux, mais un. Où on sera tellement dans le temps qu’on sera dans l’éternité, tellement enfoncés dans la matière qu’elle sera du même coup dépassée, c’est-à-dire réalisée ; – n’est-ce pas ? avec ta sueur et la mienne, avec tes gémissements et mes pleurs, toute cette peine douloureuse et douce, cet avancement continuel… Et deux encore, mais moins qu’avant ; et deux encore, mais toujours moins. Un… » Né en 1878 à Lausanne, Ramuz vit dix ans durant (1904-1914) à Paris où il étudie à la Sorbonne, fréquente Charles-Albert Cingria, André Gide ou le peintre René Auberjonois. En 1914, Ramuz revient en Suisse et s’installe parmi les vignes du Lavaux au bord du Lac Léman, d’où il ne bougera plus. Là, il rédige le manifeste des Cahiers vaudois.revue, autant que maison d’édition, réunit les créateurs majeurs de Suisse romande (Cingria, Ernest Ansermet, René Auberjonois, Gustave Roud), mais aussi Romain Rolland ou Paul Claudel. L’écriture de Ramuz devient dès lors de plus en plus révolutionnaire, il abandonne la narration linéaire et adopte souvent un point du vue collectif et anonyme, « on », attribué tantôt au groupe, tantôt au narrateur anonyme, tantôt à l’écrivain ou encore à différents personnages dont le lecteur se sent du coup extrêmement proche, presque une prolongation. Son écriture audacieuse lui vaut les critiques de ceux qui lui reprochent de « mal écrire exprès ». Pendant cette période il rédige entre autres L’Amour du monde (1925), La Grande peur dans la montagne (1926) et La Beauté sur la terre, qui marquent l’apogée de sa carrière littéraire. Dès 1924, Grasset publie les livres de Ramuz et lui assure ainsi un succès auprès des critiques et du public lettré. Son œuvre est aujourd’hui publiée dans la collection de la Pléiade. L'introduction est signée par David Hamidovic. Professeur ordinaire a? l'universite?? de Lausanne, il est spe??cialiste de histoire de l'Antiquite??, notamment l'histoire du judai?sme ancien, et de la litte??rature apocryphe juive.

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Adam et Eve

Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889071616
Parution : 2022