Éditeur : Editions Zoé
ISBN numérique ePub: 9782889071135
ISBN numérique PDF: 9782889071142
Parution : 2022
Catégorisation :
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Publié en 1905, Aline a connu une genèse tourmentée, qui témoigne des tâtonnements esthétiques d'un auteur en devenir. Ce court premier roman inaugure la longue série de variations sur l'amour et la mort, seuls sujets vraiment dignes d'être traités, de l'aveu de Ramuz. Portée par l'aspiration à une forme de simplicité expressive, l'histoire cruelle de l'adolescente séduite et abandonnée est déjà pétrie du pessimisme et du fatalisme dont l'écrivain ne se départira jamais. La tonalité tragique du récit est amplifiée par l'économie des moyens mis en oeuvre pour la restituer, qui ne laisse pas présager les audaces stylistiques dont Ramuz fera plus tard sa marque de fabrique. Autant de qualités qui ont valu à ce texte d'être salué par des générations de critiques comme la quintessence du talent du romancier. Préface de Daniel Maggetti. En 1905, le Lausannois Charles Ferdinand Ramuz (1878-1947) a 27 ans, vit depuis une année à Paris où il étudie à la Sorbonne, fréquente Cingria, André Gide ou René Auberjonois. Il publie surtout son premier roman, Aline, coédité entre Lausanne et Paris. Le succès n’est pas immédiat, mais un écrivain est né. Aline sera réédité par Grasset en 1927, alors que Ramuz est devenu un auteur reconnu, et rejoindra ses textes majeurs, L’Amour du monde (1925) ou La Grande peur dans la montagne (1926). « Petite fille » de dix-sept ans aux « yeux indécis comme l’aube », orpheline de père, pauvre d’amour maternel et d’origine modeste, Aline tombe amoureuse du coq du village, Julien Damon, fils de paysans riches. Elle vit une véritable idylle, lui ne cherche qu’à apaiser sa faim. Abandonnée alors qu'elle est enceinte, Aline devient la meurtrière de son propre enfant et cherche une ultime échappatoire à son destin par la mort après l'annonce des fiançailles de Julien. Ramuz parvient à rendre la nature – la nature humaine, aussi – de manière extraordinairement concrète, incarnée. Si la dimension émotionnelle n’était pas aussi puissante, on pourrait dire que ce texte préfigure l’attention minutieuse au réel et au quotidien que l’on retrouve dans le nouveau roman. « Elle se sauva à travers les prés jusque vers les Ouges. C’était un endroit humide avec un ruisseau qui coulait au milieu, creusé dans la terre noire ; et il y avait un bois à côté. [...] Ils s’assirent à la lisière du bois. Une cendre rose tombait du haut de l’air ; les oiseaux, sur leurs têtes, regagnaient leurs nids en battant de l’aile ; un chien aboyait au loin ; quelquefois, un bruit de voix parvenait jusqu’à eux. [...] Cependant Julien, s’enhardissant, lui passa le bras autour de la taille et l’attira à lui. Et elle se défendait ; mais le crépuscule la poussait et l’herbe aussi, avec sa rosée, et les branches, et l’ombre qui disait : « Va vers lui. » Son cœur s’était gonflé et pesait avec toutes ces choses, l’inclinant vers Julien. Après elle vit la bouche de Julien sur sa bouche, et son corps se fondit comme la neige dans le soleil. » Les différentes versions d’Aline Initialement publié en 1905, Aline fera l’objet de trois réécritures : en 1922 chez Payot dans le cadre de la collection à bas prix «Le Roman romand», puis en 1927 chez Grasset et enfin en 1940 dans les Œuvres complètes de Ramuz éditées par H.-L. Mermod à Lausanne. Nous avons décidé de reprendre la version originale de 1905 pour présenter la première tentative romanesque de Ramuz et expliciter les attentes et contraintes auxquelles il a été alors confronté. L’éclosion de l’écrivain est ici la plus manifeste, elle sera tempérée par les éditions suivantes : le style cadencé de Ramuz apparaît dans toute sa force, avec cette capacité à traiter le corps et l’âme des hommes et des animaux de manière semblable, quoique subtilement distincte. La collection « C. F. Ramuz » Voici une série de volumes afin de rendre hommage à l’écrivain le plus important de Suisse romande. Parfois considéré à tort comme un glorificateur du terroir, C. F. Ramuz est avant tout un inventeur de formes romanesques, un essayiste en décalage, un nouvelliste hors pair, un explorateur des registres et des ressources de la langue dont l'audace expérimentale le rapproche d'un Picasso. À travers des titres choisis par Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann, préfacés et annotés par des critiques aux horizons variés, cette collection ouvre l’accès à des textes peu connus, mais fait aussi découvrir autrement les œuvres emblématiques de l’auteur. Charles-Ferdinand Ramuz est l’écrivain le plus important de Suisse romande. Né en 1878 à Lausanne, il fait des études de Lettres puis s’installe pour dix ans (1904-1914) à Paris où il étudie à la Sorbonne, fréquente Charles-Albert Cingria, André Gide ou le peintre René Auberjonois, écrit entre autres Aline (1905), Jean-Luc persécuté (1909), Vie de Samuel Belet (1913). Dans ces premiers romans, les thèmes ramuziens tels que la solitude de l’homme face à la nature ou la poésie des terres, des vignes et du lac, sont déjà présents. En 1914, Ramuz, toujours considéré comme un écrivain du terroir à Paris, revient en Suisse et s’installe parmi les vignes du Lavaux, d’où il ne bougera plus. Là, il rédige le manifeste des Cahiers vaudois. Cette revue, autant que maison d’édition, réunit les créateurs majeurs de Suisse romande (Cingria, Ernest Ansermet, René Auberjonois, Gustave Roud), mais aussi Romain Rolland ou Paul Claudel. La production de Ramuz occupe le quart de la quarantaine de Cahiers qui paraîtront jusqu’en 1919. L’écriture de Ramuz devient dès lors plus révolutionnaire, il abandonne la narration linéaire et la multiplication des points de vue et adopte souvent un narrateur collectif et anonyme, « on ». Ses romans parlent d’ordre et de transgression, de création et de destruction, d’ouverture et de fermeture. Son écriture audacieuse lui vaut des critiques de ceux qui lui reprochent d’écrire mal « exprès ». Pendant cette période, il rédige entre autres L’Amour du monde (1925) et La Grande peur dans la montagne (1926), qui marquent l’apogée de sa carrière littéraire. Dès 1924, Grasset publie les livres de Ramuz et lui assure ainsi un succès auprès des critiques et du public. Entre 1929 à 1931, il dirige la revue Aujourd’hui. Dans les dernières années de sa vie, il s’essaie également à des textes politiques et autobiographiques, avant de s’éteindre à Pully en 1947. Son œuvre est aujourd’hui réunie dans la bibliothèque de la Pléiade.
Livre papier | 1 | Prix : 9,99 $ |
Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889071142
Parution : 2022
Livre papier | 1 | Prix : 9,99 $ |
Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889071579
Parution : 2022
Livre papier | 1 | Prix : 9,99 $ |
Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889071586
Parution : 2022