Éditeur : Editions Zoé
ISBN numérique PDF: 9782889072118
ISBN numérique ePub: 9782889072101
Parution : 2022
Catégorisation :
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« Toute vie va finir. Il y aura une chaleur croissante. Elle sera insupportable à tous ceux qui vivent. Il y aura une chaleur croissante et rapidement tout mourra. Et néanmoins rien encore ne se voit. » Dans son titre déjà, Présence de la mort envisage l’inéluctable disparition de toute chose, face à une catastrophe imminente. En 1922, C. F. Ramuz ne pouvait songer au réchauffement climatique ni même à l’effondrement de la société post-industrielle. Mais le tableau qu’il dresse dans ce roman d’anticipation est plus que jamais devant nous : sous le coup du cataclysme, le délitement de l’ordre social et des liens qui le sous-tendent annoncent la fin de l’expérience humaine telle que nous la connaissons. C. F. Ramuz est avant tout un inventeur de formes romanesques, un explorateur des registres et des ressources de la langue, un essayiste en décalage, un nouvelliste hors pair, comparable à un Picasso. À travers des titres choisis par Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann, préfacés et annotés par des critiques aux horizons variés, cette collection ouvre l’accès à des textes peu connus, mais fait aussi découvrir autrement les œuvres emblématiques de l’auteur. Le récent Don't look up, avec Leonardo di Caprio, où une comète s'apprête à s'écraser sur la terre sans que personne n'y croie, pourrait largement s'être inspiré de Présence de la mort. Voici un roman apocalyptique sur trente chapitres : la fin du monde est annoncée à la suite de la chute de la terre sur le soleil. Les habitants voient la chaleur augmenter inexorablement. Après l'annonce initiale de la mauvaise nouvelle au monde entier grâce aux télégraphes, chaque chapitre saisit un personnage ou un groupe de personnages au moment de leur prise de conscience de leur mort imminente, lorsque leurs habitudes, leurs croyances basculent devant l'évidence de la fin. Chacun meurt seul, il se trouve isolé dans son corps. Toutes les conventions tombent: meurtres, suicides nombreux, révolte. Seul à sa table de travail, au moment de l'écriture, le narrateur-écrivain décline les principes de son art en une véritable poétique, martelant devant la mort, l'amour de l'existence et la beauté ontologique du monde. Les divers signes de paroxysme climatique ( lac étouffé, incendie, fonte des glaces ) convoquent simultanément les deux lieux typiques de l'univers de Ramuz: la montagne et le lac. Le dernier chapitre est comme détaché de l'ensemble, comme un coup de théâtre: un couple d'hommes entre dans la résurrection et reconnaît le monde où il a vécu son existence corporelle. Est-ce un roman de science-fiction? Présence de la mort se composent de tableaux ou de scènes selon une esthétique du montage proche des techniques cinématographiques. L'intrigue progresse par gradation : augmentation de la température, élévation spatiale du lac vers la montagne. (En effet l'été de 1921 a des températures caniculaires avec un record à 38° Ramuz s'est inspiré de ces circonstances pour cette fiction.) Les parallèles entre les événements que décrit Ramuz et ceux que nous éprouvons aujourd’hui en 2022 sont tels, qu’on croirait à de la prescience. En fait, l’écrivain est si attentif aux comportements et réactions élémentaires de l’individu et des foules que nos attitudes actuelles sont forcément incluses dans son observation «Les grandes paroles invisibles allaient et se croisaient, qui intéressaient tous les hommes; cependant aucun d’eux ne les entendit […]. «On a vécu devant la beauté du ciel. […] Ce ciel remplaçait tout.» (Pdm, 231) «Une crainte est née en vous : tout l’accroît. […] Elle passe de votre visage au visage de la personne que vous venez de rencontrer.» (Pdm, 254) Charles-Ferdinand Ramuz ( 1878-1947) est l’écrivain le plus important de Suisse romande. Né à Lausanne, il fait des études de Lettres puis s’installe pour dix ans (1904-1914) à Paris où il étudie à la Sorbonne, fréquente Charles-Albert Cingria, André Gide ou le peintre René Auberjonois, écrit entre autres Aline (1905), Jean-Luc persécuté (1909), Vie de Samuel Belet (1913). Dès ces premiers textes, les thèmes ramuziens tels que la solitude de l’homme face à la nature, l’amour et la mort, la nature personnifiée sont déjà présents. En 1906, il fait un premier séjour en Valais, à Chandolin. Il tombe amoureux de la montagne. Jean-Luc persécuté est le premier roman dont la montagne est le décor. Peu à peu, Ramuz abandonne la narration linéaire et la multiplication des points de vue et adopte souvent un narrateur collectif et anonyme, « on ». Ses romans parlent d’ordre et de transgression, de création et de destruction, toujours d’amour et de mort. Son écriture audacieuse lui valent des critiques de ceux qui lui reprochent d’écrire mal « exprès ». Dès 1924, Grasset publie les livres de Ramuz et lui assure ainsi un succès auprès des critiques et du public. Son œuvre est aujourd’hui publiée dans la collection de la Pléiade.
Livre papier | 1 | Prix : 11,99 $ |
Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889072248
Parution : 2023
Livre papier | 1 | Prix : 11,99 $ |
Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889072255
Parution : 2023
Livre papier | 1 | Prix : 9,99 $ |
Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889071692
Parution : 2022