Éditeur : FUGUE
ISBN numérique PDF: 9782494062061
ISBN numérique ePub: 9782494062016
Parution : 2022
Catégorisation :
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Noble et simple, virtuose, souple et sensuel, le jeu de Nelson Freire est unique. Né à Boa Esperança, il avait commencé à jouer à trois ans pour imiter sa sœur et, à douze ans, faisait une entrée souveraine dans la cour des grands avec le Concerto Empereur de Beethoven, grâce auquel il remporta le Concours international de Rio de Janeiro. C’est à Vienne qu’il croisa l’autre enfant prodige sud-américain Martha Argerich. L’accord entre les deux adolescents fut instinctif et immédiat. Il avait comme elle un don flamboyant, et préférait l’ombre à la lumière, fuyant les feux des projecteurs avec une réserve et une humilité que soixante-dix années de scène ne purent jamais apprivoiser. Olivier Bellamy lève ici le voile sur l’un des plus beaux secrets des mélomanes. Journaliste et écrivain, Olivier Bellamy a animé pendant quinze ans une quotidienne sur Radio Classique plusieurs fois primée. Il collabore aujourd’hui à Classica et La Revue des Deux Mondes. Il est l’auteur de plusieurs livres sur la musique, dont les Dictionnaires amoureux du Piano (Prix Pelléas), et de Chopin, ou Un hiver avec Schubert. Sa biographie de la pianiste Martha Argerich (Martha Argerich, l'enfant et les sortilèges) a été traduite dans une dizaine de langues. Nelson Freire n’est pas un pianiste comme les autres. Il déchiffre à la vitesse de l’éclair et possède de prodigieuses facilités techniques. Comme sa camarade Martha Argerich, il n’a nul besoin de travailler, il joue. Un tel prodige ne s’explique pas. Concernant les programmes de concert, il met les nerfs des organisateurs à rude épreuve, car il les modifie sans cesse, jusqu’au dernier moment où, généralement, il revient aux œuvres prévues initialement, quitte à en changer l’ordre au moment de jouer. Il n’est pas conseillé de rester auprès de lui avant le récital. Son trac peut prendre des proportions démentes. Plusieurs de ses amis ont dû le retenir par les jambes alors qu’il essayait de s’échapper par la fenêtre quelques minutes avant d’entrer sur scène. Ses parents n’étaient pas musiciens. Cinquième enfant d’un pharmacien et d’une institutrice, Nelson a bien failli mourir à la naissance. Lorsque son énorme tête précédant un corps chétif a surgi, il ne respirait pas. Son oncle médecin, qui pratiquait l’accouchement, a saisi le bébé par les jambes et a réveillé ses fonctions vitales par des tapes sur les fesses. Curieuse manière d’arriver au monde ! Sa mère aimait la musique et avait fait venir un piano droit d’Allemagne pour que ses filles bénéficient d’une éducation musicale. C’est en écoutant jouer sa sœur Nelma, de quatorze ans son aînée, que Nelson s’est pris de passion pour le drôle d’instrument à touches blanches et noires. Il donne son premier concert à cinq ans à Boa Esperança, reproduisant d’oreille tout ce qu’il entendait : La vie en rose, La Paloma, Mademoiselle… L’année suivante, ses parents décident, la mort dans l’âme, de tout quitter pour s’installer à Rio, la capitale du pays à l’époque, pour que l’enfant puisse développer ses dons. En quelques semaines, il est déjà une vedette et joue lors d’un congrès de scientifiques en présence d’Alexander Fleming, l’inventeur de la pénicilline. « Un génie ! » titra un journal… « Un cas exceptionnel de précocité », renchérit un autre. Le jeune virtuose ravit son auditoire avec la Valse « de l’Adieu » de Chopin, la Marche turque de Mozart, la Rhapsodie hongroise n° 2de Liszt, du Villa-Lobos et même des extraits du Concerto n° 1 de Tchaïkovski. "Cela devait être comique, s’amuse le pianiste, car ma main n’arrivait pas encore à l’octave et mes pieds touchaient à peine les pédales. Mais je m’arrangeais…" Il passera en revue un certain nombre de professeurs, avant de rencontrer la grande pédagogue Lucia Branco, qui confiera le pianiste de 7 ans à l’une de ses élèves, Nise Obino. » Par amour pour cette femme de 32 ans, Nelson accepte de tout recommencer. Nelson Freire a toujours gardé la lumière de ce coup de foudre, qui ne s’est pas éteint avec la disparition de Nise Obino, en 1995. Chopinien aguerri dès l’âge de 11 ans – il jouera et gravera les œuvres du compositeur tout au long de sa carrière –, il devient, en 1957, lauréat du premier concours international de Rio de Janeiro avec le Concerto Empereur, de Beethoven, joué devant les trois grandes dames du piano que sont alors Marguerite Long (1874-1966), Lili Kraus (1903-1986) et Guiomar Novaes (1895-1979). En 1959, une bourse l’expédie à Vienne. Mais la capitale autrichienne le glace. Aux cours de Bruno Seidlhofer (1905-1982), il préfère les cafés, les concerts et les causeries entre compatriotes. C’est là qu’il rencontre, comme lui exilée, têtue, géniale, imprévisible, l’Argentine Martha Argerich. Reconnaissance mutuelle « avec quelques mots, mais, surtout, des regards, des sourires ». Les deux ne se quitteront plus, formant au clavier un extraordinaire duo siamois, qui publiera, notamment, en 1983, chez Philips, une Deuxième suite pour deux pianos de Rachmaninov restée dans les annales. A 20 ans, Nelson Freire reçoit la médaille Dinu Lipatti à Londres et remporte le concours Vianna-da-Motta à Lisbonne. « J’ai enfin commencé ce qu’on appelle une carrière, gravé mes premiers disques chez CBS, en 1967. Et découvert qu’on pouvait gagner de l’argent en jouant du piano. » En 1972, ses Préludes de Chopin, parus chez CBS, lui vaudront le prix Edison. Suivront les concertos de Schumann, Grieg, Tchaïkovski ; en 1995, ceux de Liszt, couplés à une légendaire Totentanz avec Rudolf Kempe (1910-1976) (Berlin Classics). En 2006, les deux Brahms, avec Riccardo Chailly et l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig (Decca) – une référence. Personnalité éprise de liberté, Nelson Freire sera resté jusqu’au bout allergique à certaines choses. Les intégrales discographiques, les programmes de concerts décidés deux ans à l’avance, l’acculturation progressive des jeunes pianistes et, surtout, les rapports humains qui sonnent faux. Sous des dehors bon enfant, l’homme est un passionné. Comme son piano. Finesse d’un toucher quasi surnaturel, profondeur de poète et cette façon de faire de la musique une improvisation permanente resteront comme autant de leçons de vie. Olivier Bellamy livre ici une biographie vivante et sensible de ce pianiste exceptionnel, trop tôt disparu le 30 octobre 2021. Journaliste et écrivain, Olivier Bellamy a animé pendant quinze ans la quotidienne "Passion Classique", de 18 à 19h, sur Radio Classique, plusieurs fois primée. Il est aujourd’hui grand reporter à Classica et collaborateur régulier à La Revue des Deux Mondes. Il est l’auteur de plusieurs livres sur la musique, dont les Dictionnaires amoureux du Piano (Prix Pelléas), et de Chopin, ou Un hiver avec Schubert. Sa biographie de la pianiste Martha Argerich a été traduite dans une dizaine de langues.
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Éditeur : FUGUE
ISBN : 9782494062016
Parution : 2022