Éditeur : Editions Zoé
ISBN numérique ePub: 9782889073740
ISBN numérique PDF: 9782889073757
Parution : 2024
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« On ne fait de la poésie qu’avec l’anti-poétique » : c’est le credo de C. F. Ramuz, dont toute l’œuvre peut être lue à la lumière de cette conviction. De 1905, l’année où, à 27 ans, il publie Aline, son premier roman, jusqu’en 1947, un mois avant sa mort, l’écrivain réfléchit à son art. D’articles en préfaces, ou dans des lettres adressées à ses éditeurs Grasset et Mermod, il se forge et affine son idée de la littérature, questionne les manières d’en faire, et s’interroge sur le rôle d’un écrivain en cette première moitié du XXe siècle. Les textes réunis dans ce volume ne sont pas de la théorie : ils sont le fruit d’une pratique acharnée, d’une confrontation quotidienne avec l’écriture, durant des décennies. Avec, à l’horizon, le désir fou de faire enfin coïncider la langue et le monde. La dernière édition des œuvres complètes de C. F. Ramuz compte 29 tomes : romans, nouvelles, poésie, essai, journal intime, l’écrivain a exploré les genres. Mais ce qui le caractérise, c’est l’invention d’une langue unique, reconnaissable entre toutes. Dirigée par Daniel Maggetti et Ste??phane Pe??termann, la Petite bibliothèque ramuzienne fait redécouvrir ses livres emblématiques et ouvre l’accès a? des textes peu connus, grâce à des volumes préfacés par des critiques aux horizons variés. D’un bout à l’autre de sa carrière d’écrivain, Ramuz a collaboré à des journaux, répondu à des commandes, pris position sur tel ou tel sujet. Ce volume présente un ensemble en apparence hétérogène : le texte le plus ancien remonte à 1905 (l’année où Ramuz, 27 ans, publie Aline, son premier roman), le plus récent à 1947, quelques semaines avant sa mort. Ce que leur lecture montre surtout, c’est à quel point l’écrivain s’est, très tôt, forgé une idée de la littérature, des manières d’en faire et du rôle qui incombe à qui s’y consacre. Dans le premier texte, intitulé « Sous la lune » et qui met en scène la conversation entre deux amis, un principe essentiel est posé : « tous les sujets sont bons. » Non seulement rien n’est indigne pour la littérature, mais Ramuz postulera bientôt que celle-ci a le devoir de s’intéresser précisément à ce qui n’a pas encore été élevé au rang d’objet littéraire. C’est le sens du mot « anti-poétique ». Dans cet article publié en 1921, qui donne son titre au recueil, Ramuz prend l’image de la greffe : « l’art » entre guillemets, l’art dans sa version admise et conventionnelle, opère des greffes « sur du déjà-greffé », ne s’empare que de choses déjà transformées. Au contraire, l’art tel que le conçoit Ramuz doit s’attaquer au réel brut, qui n’a pas encore été filtré par le regard des peintres ou des poètes : « On ne greffe que sur le sauvage. » Reste qu’écrire demeure une opération humaine, et que le texte littéraire est bien une « greffe », non la réalité elle-même. Ramuz en a conscience et le revendique. Sa langue – on le lui a assez reproché – n’a rien de « naturel », elle est au contraire le fruit de choix, souvent radicaux, qui soulignent qu’elle est inventée, une musique, une forme. C’est là la tâche de l’écrivain, comme le formule le linguiste Vincent Verselle dans son introduction : « trouver les mots pour exprimer une sensation et une émotion que le destinataire reconnaît comme siennes, mais qui pour lui demeuraient jusque-là informulées. » Cette question de la langue, centrale, essentielle, presque la seule qui compte à ses yeux, Ramuz s’en ouvre dans les lettres qu’il adresse à ses éditeurs, Bernard Grasset et Henry-Louis Mermod. À l’un, il parle de « langue-geste », à l’autre, de « langue-image » : dans les deux cas, il nomme ainsi ce qu’il tente de faire, qui s’oppose à la langue usuelle, celle des institutions, en particulier de l’école, contre laquelle il dresse un véritable réquisitoire : « Pour l’école, l’écrivain est un monsieur considérable, parce qu’elle le croit capable, entre autres choses, d’expliquer ses personnages, qui n’y réussiraient pas sans lui. Il est supérieur à ses personnages, ses personnages lui doivent tout. Moi, je dois tout à mes personnages. » À cette école qui cherche à imposer une « langue-signe », un « bon français » hors sol et qui n’exprime que des règles de grammaire, Ramuz oppose une langue-geste qui restitue un mouvement, une langue-image aux antipodes de l’abstraction, pour soutenir cette exigence immense : restaurer les liens avec le monde. « L’homme use le monde par l’habitude ; l’artiste répare l’usure. » Ramuz a l’art de la formule, qu’il déplie ensuite pour en explorer les conséquences et les limites. Pour lui, l’artiste en général et l’écrivain en particulier ont pour tâche, fonction et même devoir de réparer quelque chose, de rendre aux autres humains un monde qu’ils ne savent plus regarder. Rien de conceptuel dans cette ambition : il suffit d’ouvrir n’importe quel roman de Ramuz pour se surprendre, une fois le livre reposé, à poser sur ce qui nous entoure un regard frais, lavé – réparé, oui. « Le roman doit être un poème », écrivait Ramuz en 1905 : « Eh bien ! je prétends que si je réussis à saisir ne serait-ce qu’une petite partie de la réalité et à la fixer toute palpitante encore, quoique appauvrie, mais aussi plus nette et saillante, je prétends qu’en ce cas je mérite bien une petite place dans l’État, à côté des joueurs de flûte et des marchands de ballons rouges. Mais si je ne réussis pas, en ce cas je suis un raté. En ce cas (et sa voix se fit tendre) j’aurais été plus utile sans doute en demeurant dans mon village, dans mon petit verger, dans ma maison qui est fermée. » Que Ramuz se rassure : il a eu raison d’ouvrir la porte et de prendre la route. N.B. : Ce livre, qui sort en même temps que Vie de Samuel Belet, marque la fin de la collection « Petite bibliothèque ramuzienne ». Né en 1878 à Lausanne, C. F. Ramuz figure parmi les écrivains de langue française les plus importants du XXe siècle. Ami des peintres, des poètes et des musiciens, il a joué un rôle de premier plan dans la vie culturelle de Suisse romande. Au cours de sa longue carrière, il s’est frotté à tous les genres : romans, nouvelles, poésie, théâtre, essai, journal intime. Mais ce qui le caractérise, c’est une recherche formelle et l’invention d’une langue unique, reconnaissable entre toutes. Un mois avant sa mort, en 1947, il écrivait : « À force de partir, je suis resté chez moi. » Ramuz résume ainsi le paradoxe d’une vie d’écriture où, pour atteindre à quelque chose d’universel, il aura creusé profondément sa réalité singulière. En 2005, ses romans paraissent dans la Bibliothèque de la Pléiade, alors qu’est lancé un vaste chantier d’édition de ses œuvres complètes en 29 tomes. La Petite bibliothèque ramuzienne, dirigée par Daniel Maggetti et Ste??phane Pe??termann, fait redécouvrir les livres emblématiques de l’écrivain, tout en ouvrant l’accès a? des textes peu connus, grâce à des volumes préfacés et annotés par des critiques aux horizons variés.
Livre papier | 1 | Prix : 18,99 $ |
Éditeur : Editions Zoé
ISBN : 9782889073757
Parution : 2024